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A V E R T I S S E M E N T

« On se gardera d'oublier que l'on peut attribuer au hasard une ressemblance isolée, mais non un ensemble de faits connexes. »
A. MARTINET, Évolution des langues, 30.
 
      Cet ouvrage reprend la thèse de doctorat soutenue le 23 Mars 2007 ; un
    développement sur l'ergatif exposé au jury, mais non inclus dans le texte initial, y
  a été intégré ; quelques compléments ont également été apportés au lexique initial.

    Nous remercions les membres du jury qui a bien voulu prendre en compte notre essai de comparaison de l'euskera avec les langues indo-européennes. L'affaire ne va pas de soi car il est universellement admis que l'euskera est une langue sans famille et donc sans parenté et surtout sans rapport avec les langues indo-européennes, si ce n'est les emprunts massifs au latin et aux langues romanes.

    Ce travail de thèse sur la comparaison de l'Euskera aux langues indo-européennes n'est pas une œuvre exhaustive mais plutôt une ébauche qui pourra être reprise par d'autres pour être critiquée, éventuellement corrigée, et continuée, ce qui serait le vœu de l'auteur.

    Le choix des formes lexicales traitées est dû surtout au hasard des "trouvailles" que l'on a cru percevoir au cours des études sur des langues indo-européennes sans démarche systématique, en partant d'abord non des dictionnaires de l'euskara mais de la connaissance de la langue de l'auteur dont c'est la langue maternelle. On s'est bien soucié à chaque fois de vérifier les faits dans le dictionnaire.

    Or, l'un des handicaps de cette entreprise est que les dictionnaires, d'une documentation très érudite, de R. M. de AZKUE et de P. LHANDE, ...

ne mentionnent pas tous les termes encore en usage : soit que leurs informateurs aient omis de les leur communiquer ; soit que les auteurs aient pensé que tel terme était trop évidemment pris au castillan, au béarnais, au gascon ou au français ; soit sans doute aussi parfois par réserve censurante inconsciente ou consciente d'ecclésiastiques gênés par la trivialité ou la crudité de certains signifiés.
groupent sous une même rubrique, par homophonie, des concepts et des formes très hétérogènes : AITOR "patriarche" et AITOR "confession"…
n'ordonnent pas toujours les significations des formes suivant l'ordre hiérarchique tel que nous l'avons perçu, à tort ou à raison ; un signifié peut être mentionné en première position, alors que selon notre appréciation il s'agit d'un sens dérivé secondaire voire métaphorique et éloigné sémiotiquement de la base.
    Un autre handicap trouve sa source, pensons-nous, dans la détérioration avancée de la compréhension de l'euskara par les bascophones contemporains : nous tous, bilingues, subissons un effacement de la mémoire des matériaux de notre langue par la pression et l'omniprésence des langues dominantes dans lesquelles nous avons été formés et qui nous administrent quotidiennement : pensant de moins en moins dans la langue maternelle, une infinité de termes nous échappent ou nous deviennent "fossiles".
    L'expérience personnelle de l'auteur en dit long. Ayant postulé à un prix littéraire, en adressant un court écrit, cent soixante trois petites pages, le jury fit procéder au contrôle de notre vocabulaire, lequel porta sur deux cent quatre vingt quinze formes dont deux s'avérèrent "inconnues" (SAIO pour SAIA "vautour" et AHILA "panne", forme recueillie auprès d'un charpentier d'Orègue). Car cela fait longtemps que l'on nous suspecte d'inventer des mots "basques". Deux cent quatre vingt treize formes sur deux cent quatre vingt quinze contrôlées se trouvaient dans les dictionnaires de AZKUE ou de LHANDE et dans les grammaires diverses qu'à cette époque nous n'avions pas à notre disposition.
    Ainsi dans le présent travail, lorsqu'une forme absente chez AZKUE et LHANDE est traitée, nous signalons le lieu où le terme a été recueilli et continue d'être utilisé, avec parfois les noms et adresses des personnes vivantes en 2007 qui peuvent l'attester.

    L'absence de certains termes ne porte pas gravement à conséquence : XARINGA "glapissement" absent des deux dictionnaires, s'insère dans un paradigme où figure XAINGA "jappement" XARANGA, ZAUNKA, ZINKA, KARRANKA etc., et suppose la crédibilité de "notre" forme. Il en va tout autrement avec LILIRIKA(N) "plein à ras bord" (Garazi, Baigorri, Amikuze) qui nous parait précieuse parce qu'attestant un trait grammatical clé : redoublement et désinence de parfait identiques aux formes les mieux connues de l'indo-européen (/li-/ "plein" en arménien, latin pleō) qui permet d'annexer au même système grammatical BETHERIKA(N), "pléthorique", EGINIKA(N), etc.

    De la même manière, basque AIUTA (AYUTA) traduit par AZKUE « "lavativa" (debe de ser el castellano "ayuda") » et donné par LHANDE « lavement, seringue servant à lavement. ». Pour l'expérience que nous avons de la langue, ce mot (cueilli selon AZKUE aux Aldudes et en Salazar) n'est qu'une métaphore ludique et, de plus, une synecdoque : du français "lavement" LAAMENDIA qui entraîne une expulsion très rapide (AYUTA) du contenu intestinal… à comparer à l'expression PURGA BAT HARTU "prendre une purge" = "faire une mauvaise affaire" = "perdre de l'argent pour s'être fait rouler en affaires". Soit, une métaphore pour éviter des termes plus crus.

    Que ces remarques ne soient pas comprises comme une critique négative de ces auteurs dont l'œuvre est merveilleuse, et nous devons confesser que nous y découvrons un nombre incalculable de formes que nous ignorions totalement.

    Mais la forme basque AIUT est décisive par ses divers signifiés et dérivés dans le travail de comparaison, son attestation nous est indispensable pour ne pas être pris pour un faussaire.

    Enfin, cette thèse ne prétend pas, loin s'en faut, à l'autorité de la parole révélée : il s'agit d'une contribution modeste à la réflexion sur notre euskera, comportant certainement beaucoup d'erreurs, d'approximations hasardeuses, de répétitions inévitables, mais lassantes. HAUTSAK HARROTU "secouer la cendre" de dogmes établis et admis depuis longtemps, voilà l'objectif.

    ESKERRIK BIHOTZEKOENAK "ma gratitude cordiale" à Charles VIDEGAIN, mon maître de recherches et à Txomin et Fina DAVANT sans l'aide constante de qui ce travail n'aurait pu voir le jour.

Arnaud ETCHAMENDY
23 Mars 2007
UMR - Bayonne

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