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/*-AR/AR-I/ : le “suffixe” /-AR/ est une racine du verbe être qui, dans la langue moderne, est systématiquement premier auxiliaire de thèmes verbaux au gérondif ; il prend un suffixe /–I/ désinence primaire de prétérit (AR-I) suivant le système originel de l'i.-e., où le prédicat verbal, le verbe, est signifié par le procès réalisé (prétérit, aoriste), l'aspect prévalant sur le temps et historiquement antérieur. Mais il produit des formations du type de BE-AR ; dans les dialectes orientaux le /a/ s'amuït : /ERORTZE-AR/ “à tomber” + /DA/ “il est” = “il est à, il a manqué tomber” ; GALTZE-AR “à (se) perdre” + /DA/ “il est” = “il est à, il a manqué (se) perdre”, pour ERORTZE-AR DA, GALTZE-AR DA, etc. /-AR/ peut aussi s'interpréter comme un datiftronqué” ( /-AR-I/) infinitif prospectif ?
  Ce verbe AR adjoint à un thème verbal lui confère l'aspect de l'occurence à venir et, même, qui était à venir : ERORTZE-AR DA “il a failli tomber, il est celui (qui était) à tomber”. Ce même aspect prospectif actuel et, virtuellement réalisé par la forme, est parfaitement illustré par la conjugaison latine : futur erō, eris, erit... “je serai, tu seras, il sera”..., imperfectum eram, eras, erat... “j'étais, tu étais, il était”..., bsq. BU, BE, pluriel BI, deuxième racine “être”, correspondant de lat. fuam, fui et gr. φύω (phúō) “croître, pousser” mais ayant pris le sens de “devenir”, bsq. BEDI, BITE, BEGO : sens devoir” être, exister..., osq. fuid pour fuerit qui dénonce la genèse du thème /i/ de prétérit, de même que lat. fūtāvit devenu fuit. Les superpositions peuvent continuer : bsq (S) futur NIZATEKE = N'IZARE-KE “je serai”, DATE(KE) = DARE-KE “il sera” (alternance /r/t/) ; imparf. Osq. fufans = érant et bsq. de la conjugaison allocutive HUAN (B, G), ZUAN (BN) “il était”, sur la racine fū̆- (II) suffixée d'une désinence de passé -an/-en ; gr. ἔφῦ(ν) [ephū(n)], skr. abhūt “il a été”, gr. φυσις, φυτον (phusis, phuton) ; bsq. NUK “je (te) suis”, (S) GÜTÜK “nous (te) sommes” = N'U-K, GÜ-T-U-K. Comme il y a homophonie avec la racine de /U/ “avoir” du fait que les désinences personnelles du verbe être sont prefixées dans le bsq. et provoquent l'amuïssement de /B/ de /BE/BU/, des grammairiens sont allés théoriser sur le verbe avoir qui aurait le sens de “être” dans les formes allocutives, et des écrivains ajoutent à la confusion en transformant ces “je (te) suis” en “tu m'as” ; ex. Michel LABEGUERIE : “HEMEN NAUZU (de NAUKAZU) ZU ZAINTZEKO” qui vaut “tu m'as pour te veiller” pour N-U-ZU “je (te) suis ici pour te veiller”. L'écart d'interprétation est tolérable... littérairement, mais c'est une méprise grammaticalement.
  Les imparfaits latins (M. 258) « legēbam, amābam présentent un morphème /*-/ “qui est manifestement la racine de fuī avec la caractéristique prétérit /ā/ [an] qui figure dans lat. eram et dans le type lit. būvo “il était” ; dans le futur lat. manē-bo (fal. pipafo “je boirai”, cararefo = carēbō ?) [...] v. sl. troisième personne pluriel “qu'ils soient”, [...] v.h.a. bis “tu es”, [...] d'autre part, il faut citer fiō, passif de faciō à l'imperfectum. »
  Ajoutons bsq. BIZ “qu'il soit”, BITEZ “qu'ils soient” de /BE/ + /IZ/, BEGO “qu'il reste”, BEHOA “qu'il s'en aille”, BETOR “qu'il vienne”, etc. Germ. biat “qu'ils soient”.
  Ainsi, les trois racines du verbe être /AR/BE/IZ/ apparaissent en bsq. comme dans les formations i.-e.
« inextricablement » combinées, en fait selon un système d'auxiliation dont les règles doivent pouvoir être tirées au clair.
  On y passe de l'idée verbale aux notions nominales et inversement, confirmant bien la théorie de BENVENISTE, Origines, 132, selon laquelle à l'origine rien ne distingue nom et verbe : « Nous avons dans les “infinitifs” radicaux ou bâtis sur thème en /*s/ des formes, en quelque sorte à double versant [...] Là gît la solution du problème non encore éclairci (WACKERNAGEL, Vorles, I, 266) de l'infinitif, à fonction d'impératif, qu'on connaît en indo-iranien et en grec [et en bsq.]. Cette double utilisation nominale et verbale, dont la possibilité était donnée dans la structure des formes radicales, a été étendue aux formes suffixées en /*-en/, /*-men/, etc., c'est-à-dire à des formes qui, elles, étaient proprement nominales. De ce fait, l'infinitif en général a pu doubler l'impératif [...] n'importe quel infinitif grec ou indo-iranien [et bsq.] assume le role de l'impératif. »
  E. BENVÉNISTE insiste plus loin (p. 133) « Nous rattachons donc ce développement à la nature indécise de la forme radicale, qui pouvait fournir un nom ( infinitif) ou exprimer comme impératif l'idée verbale. Il ne sera pas téméraire de chercher dans cette dualité ancienne l'explication du thème mystérieux sur lequel se constituent le futur et l'imparfait en /b/ de l'italique [...] (p. 134) La seule hypothèse qui mérite considération est celle d'une sorte d'infinitif amā-, calē, audī juxtaposé à une forme personnelle de /*-bhu/ pour former les imparfaits amābam, calēbam et futurs amābō, calebō, etc.» Bsq. bizk. MAITE EBAN MAITE *UEBAN “il aimait”.
  AR-I, à ne pas confondre avec HARI “fil” (Lh. 58) : radical /AR-/ que donne l’impératif impersonnel, comme pour les autres formes verbales de l’euskera. Le /-I/ est la désinence primaire, prétérit, le procès étant vu réalisé : cf. EKUS-I, JOS-I, EROS-I, NAGUS-I, etc... Sens : “être”, toujours auxiliant un verbe :
 
Soit d’action, et dans ce cas on l’entend comme signifiant “agir”, “vaquer à”, “s’occuper à”, “travailler”, etc., Lh. 58, l’auxilié pouvant être implicite (in absentia), ce qui explique les acceptions comprises par LHANDE.
Soit d’état, et là l’aspect inchoatif des verbes d’état est renforcé : ZAHARTZEN ARI “être en train de vieillir”, GAIZTANTZEN ARI “être en train de s’empirer”, etc...

  Souvent /AR-/ semble soudé au radical verbal qu’il détermine en postposition avec l’aspect de procès à réaliser : JITEAR “à venir”, EGITEAR “à faire”, ce qui évoque l’infinitif latin...

  AR-I exprime l’action ou l’état en cours et traduit les gérondifs de l’anglais ou du castillan. Avec /IZ-/ et /BE-/ il est le troisième radical du verbe d’existence-état.

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