BER(H)O/BERRO : 1º “clôture,
haie” ; 2º “clôturé, limité”
(Liz. Luc XIV-23) ; 3º “ronce, buisson” (Liz. Luc
XX-37) ; 4º “fourré” ; 5º “cresson”
(?) (Azk. 157) ; 6º “endroit humide” ; 7º
“endroit que l'on défonce à nouveau”.
Des anthroponymes
et des toponymes
divers comportent ce terme : XIRANBERHO (Aincille, Estérençuby),
PEKO-BERHUA (Beyrie-sur-Joyeuse), BERHOKO-IRIGOYEN
(Gamarthe), BERHUETA (Berraute), BERHONDO,
BERROGAIN...
Il y a un mot voisin formellement : BARRUKI “bercail,
basse-cour, étable couverte”.
BERHO semble être un verbe fléchi
/BER(H)-/O/U/, de forme
ancienne, cf. le sens “clôturé” : /*BER-/*HER-/
?? d'après HER-TSI
HER-ETSI “clôturer, entourer” et comme
substantif “clôture, haie, palissade” (Lh. 433) ; Azk.
omet l'aspirée qui nous semble étymologique.
Correspondances :
1º |
lat. forum,
-i neutre (forus
nom vulgaire), M. 250 : « a dû désigner à
l'origine l'enclos qui entoure la maison (cf. forēs,
forus), l'enclos devant la tombe [...] Le mot a eu une
fortune particulière dans le sens de “place de marché”
: cf. boārium, olitōrium,
etc. [...] et il a servi à désigner nombre de villes
: Forum Aliēni, F. Apiī, F. Aurēlium,
F. Cornelium, etc... Le forum devint le centre des affaires
publiques et privées, le lieu où se réglaient
les contestations, les procès, et c'est autour de cette place
que s'élevaient les monuments publics les plus importants :
tribunaux, curies, temples, etc... » |
2º |
lat. forēs,-ium,
et foris, -is
féminin “porte” (de maison, particulièrement
celle qui s'ouvrait au dehors), M. 246 : « le thème
/*dhwer-/ “porte”
s'employait essentiellement au pluriel [...] v. isl. dvĭri,
lit. dùrys, v.h.a. turi,
v. angl. duru, skr. dvā́raḥ
[...] dérivé en /a/
a le vocalisme radical zéro
: Hom. θύραι
(thúrai) et postérieurement θύρᾱ
(thúrā). » Bsq. ATHE “porte”,
ATHER-I “sortir” où le /r/
de forēs et de /*dhwer-/
réapparaît, sans pouvoir expliquer le /a/
initial (prothèse
?). M. 246 : « la notion de “dehors” est souvent
exprimée par des formes signifiant “à la porte”
: lat. forās, forīs,
arm. durs “dehors”,
gr. θύραζε
(thúraze) de θυρας-δε
(thuras-de) “dehors”... La “porte” clôt
non la maison mais l'“enclos”, au point de vue indo-européen
; de là le dérivé /*dhworo-/
désignant l'enclos qui, aujourd'hui encore, dans l'Europe orientale
entoure la maison : v. isl. dvorŭ,
v. perse duvarayā “à
la porte”. » Rappelons bsq. BERHO/BERRO
“clôture, haie”, et HORRA-TU “venir
chez celui à qui l'on parle”, qui peut s'expliquer par
l'adverbe de lieu HORR-AT “vers là, vers ce côté-la”`,
reste à expliquer /HOR/ “là”, “près
de, chez toi”. Bsq. ATERAIA “à la porte,
sorti” à rapprocher de v. perse duvarayā
“à la porte” pour la forme de la flexion. |
3º |
lat. ueragō,
-is, -er
: “retourner une terre en jachère, défricher”.
ERNOUT-MEILLET 727 :
« Étymologie inconnue. » Bsq. BERRO
“défricher”. |
4º |
lat. uertō,
-ere “tourner” (anciennement
uertō, uorti, uorsus de
/*uorssus/). Cf. bsq. AURTI-KI
“renverser”, cf. Liz. Joan VIII-59 : AURTHI-TEKO.
Skr. perfectum
vavr̥té. On
ne peut manquer de rappeler que le groupe de lat. per
“à travers, pendant” auquel appartiennent /prō̆/por-/præ/
et /prī/prior/primus/,
a pour sens propre “en avant”, mais que l'indo-iranien,
skr. pári, v. perse paryi,
gr. περί
(peri), περ
(per) suivi de l'accusatif
ont développé le sens de “autour”, M. 497.
Le bsq. de son côté a IRI “autour
de”, exemple EGUERDI IRIAN “autour de
midi” et ses nombreux toponymes : IRUPIL (Estérençuby),
IDUPIL (Orbaizeta) plateau comportant des cromlechs,
IREGI (IREI) même particularité ; /HIRI/URI/IRI/
“enceinte”, “agglomération, ville”
: IRUN, IRUNBERRI, IRION (Oloron-Sainte-Marie) ;
anthroponymes : IRIGARAI, IRIBARNE, IRIGOIEN, etc.
|
Ainsi BERHO (/*BER-/O/U/,
signifierait originellement “entouré, clôturé,
etc.”, soit à peu près l'équivalent archaïque
de lat. forum et de l'i.-e.
/*dhworo-/ “enclos”. |