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BURDIN, BURNI, BURÑA, BURRUN ”fer”, ”de fer, en fer”.
  BURDIN : composé dont le deuxième terme est clair : /DIN/DUN/UN/ON/ ”ayant”, ”tenant de”, ”qui a du (feu)”. La signification d'origine est /D-/ “le”, pronom objet troisième personne, + /U/ “avoir” + /AN/ “que”, particule de subordination correspondant à gr. /ἄν/ (an) « particule modale qui s'observe dans les propositions principales et subordonnées, mais originellement avec les modes, c'est-à-dire le subjonctif et l'optatif. » Chtr. 82. C'est également le cas dans la conjugaison bsq. où la particule est postposée régulièrement. BURDIN “qui a du feu”, BUR-UN “qui a du feu”.
  Le premier terme /BUR-/ n'est autre que /PUR πυ̑ρ (pȗr) “feu”, qui se retrouve avec vocalisme /e/, suffixe /o/u/ de rection verbale dans BERO “chaud”. Cf. lat. ferneō “bouillir, être brûlant, brûler”, M. 230 ; gall. berwi ”bouillir”, etc. Voir BERO, (H)URBUR, BURRETA, MORRODO.
  A. MEILLET 229 : « l'origine de ferrum ”fer” est obscure ; on sait que le fer n'était pas connu dans le monde i.-e- et, par suite, les noms de ce métal diffèrent d'une langue à l'autre [...] On rapproche v. angl. bras, broes ”bronze” [des th. II] et l'on suppose un emprunt pour le mot latin (peut-être par un intermédiaire étrusque) et le mot germanique (cf. akkadien parzillu “fer”, phén. barzel [des th. I] , ce qui ne fournit rien de net. »
  On voit bien pourtant dans toutes ces formes la même base en thème I ou thème II de /πυ̑ρ/BUR/BER/ (cf. lat. prūna ”charbon ardent, tison” A. MEILLET 541), de BUR-UN à prū-n-a.

  Un article de S. F. PUSHKARIOVA de l’Université technique d’État de Saint Pétersbourg (FLV nº 79, 1998) intitulé Primario y segundario en los nombres vascos de los metales, formule des hypothèses intéressantes sur le sujet. Nous nous permettons les remarques suivantes relatives à cette recherche :
Refus de principe des comparaisons externes. Pourtant même en comparaison interne le premier morphème de BUR-DIN, BUR-UN, BUR-NI peut être perçue dans MURRAbrasa ardiente : braise ardente”, Azk. II, 52 ; BURBURBURonomatopeya de la ebullición fuerte : onomatopée de l’ébullition forte” qui renvoie à l’idée de “feu” ; “bouillonnement” métaphorique dans BUR-ZUNTZ “peuplier, tremble”, dans BUR-KI “bouleau”, bot. bétulacée également comme le tremble... Ce radical se retrouve avec vocalisme /e/ dans lat. ferueo, -ēre “bouillir, être agité”, dans ferrum “fer” laissé en panne d’étymologie par MEILLET, 229, dans gr. θέρομαι (théromai) “se chauffer, brûler” que BENVENISTE fait dériver de πυ̑ρ (pȗr) “feu”, hitt. paḫḫur, lat. furnus et fornax “fourneau, four” à vocalisme /o/, skr. gharmȧḥ “chaleur”, lit. gariū “brûler”, bsq. GAR “flamme”, lat. carbo “charbon”, etc.
L’interprétation de BURDIN, etc. par son signifié actuel de l’euskera moderne “fer” semble un piège : diachroniquement le sens a pu évoluer pour dire “fer” d’autant plus facilement que ce métal est très répandu dans l’aire actuelle du Pays Basque. Mais notre hypothèse “(élément) qui tient du feu” pour BURDIN rappelle l’histoire probable de gr. μέταλλον (métallon) “mine, galerie de mine”, etc., que après Eust. 148, 10, BUTTMAN, Lexicologues, 1, 139, tire du verbe μετ’ ἄλλα (met’alla) “(chercher) d’autres choses” dérivé inverse μεταλλάω (metalláō) “tirer du minerai”. Dans Chtr. 69.
Les composés de basque BURDIN pour “cuivre”, “bronze”, etc., pourraient attester que ces métaux auraient été connus tardivement par les Basques. Mais le sens premier de BURDIN a bien pu être “(produit) du feu”, soit “métal” et ne permettrait pas de présumer de la chronologie de la métallurgie en Pays Basque. Se rapporter à « Sud Ouest Européen », Presses universitaires du Mirail, Nº 11, Juin 2001, « Cinq millénaires de métallurgie en montagne basque » et aux publications de B. ANCEL et A. BEYRIE « Rapports de fouilles », SRA Aquitaine 1999, 2000 et 2001, rapportant notamment la mise au jour dans la vallée des Aldudes d’un four à réduire le cuivre, datant de 3 000 ans avant J. C.
Clore les investigations sur l’euskera dans la comparaison interne exclusivement semble une impasse : partir d’un postulat, devenu dogme de type théologique, ferme les pistes de recherche, de notre point de vue.
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