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EGOSKI/EGOSKI-TU/EGOSKI-TZE : “téton et téter” ; “sucer” ; “absorber”.
  Lh. 219 : formes /EDOS-/IDOS-/ qui révèlent l'origine de la forme et du sens : i.-e. /dhē-/ “manger” lat. edo, edere, germ. itan, bsq. JAT, bsq. DETI “mamelle”, DEITZI “traire”, (J)ITZAIN “sangsue”, etc.
  Le vocalisme /o/ se retrouve dans gr. ἔδω (édō) peut-être, à moins qu'il ne s'agisse de la voyelle dite de “thématisation” ; cf. gr εἶδαρ (eĩdar) “nourriture”/bsq. UDAR/BUDAR “seins, mamelles”. Il faut donc réinterpréter le /E/ “préfixé” qui n'est ni préfixe ni augment, mais élément de la racine, qui serait donc à poser /*ED-/ et non /dhē-/ (qui aurait subi l'aphérèse).
  Le phénomène sera très ancien : Chtr. 312 : « Diverses formes nominales [de ἔδω (édō)] dont quelques unes sont archaïques : 1) εἶδαρ/ἔδαρ |eidar, édar] (Hom., Théoc.), ἐδανός (edanos) “comestible” ; skr. adana “nourriture” [bsq. JANA “id.”], pour le “suffixe” /*/ de gr. ἐδ-ϝαρ |ed-ϝar] on évoque skr. vy-ad-varḁ́ “dévorant”... 2) ἐδωδή (edōdḗ) “consommation de la nourriture”, forme redoublée... ἐδώδιμος (edṓdimos) “comestible” (Hdt., Th., etc), ἐδωδος (edōdos) “gros mangeur” ; 3) ἐδητύς (edētús) “le manger” (attesté seulement au génitif) exprimé sous l'aspect de disposition subjective et durable (E. Bvn., Noms d'agent, 67... », où nous rejoignons la grammaire des formes génitives de futur et d'obligation de l'euskera : JATEKO “aliment”, litt. “à manger” et JATE-AR “à manger”, qui serait un datif (prospectif) tronqué, forme à l'origine des structures d'infinitif de l'i.-e. (voir thèse).

  Les correspondances extérieures de bsq. EGOS-I “cuire” et EGOS-KI “téton” conduisent à une autre famille de l'i.-e., apparemment sans lien direct avec les concepts de “sein” et de “nourriture” :
lat. coxī, parfait de coquo, -ere “cuire”, gr. ἀρτο-κοπος (arto-kopos), avec dissimilation pour *πόπος (pópos) ; gr. πέπων (pépōn) “mûr”, ὤ πεπον (ō pepon) “mon bon, mon cher” (Hom.) qui serait dérivé de πέσσω (péssō) “cuire”, de /*pekwō/ passé à /*kwekwō/, M. 141 et Chtr. 884.

Bsq. :
1) PAPO, Azk. II, 156 : 1º “pecho, sein” ; 2º “buche de las aves, jabot des volailles (et non gésier = HERA/GERA)” : PAPO-GORRI “rouge gorge”, zool. Erithacus rubecula ; PAPO URDIN “gorge bleue”, zool. Luscinia svecica ; 3º “mejilla, carrillo, joue, pommette” ; 4º “papera, goître”.
2) PAPUN, Azk. II, 156, “hongo grande de sombrero ancho, cèpe à large chapeau”. Le mot est passé dans le gascon des Landes : papun = “grand cèpe”.
3) PAPUN, BN (Estérençuby), terme familier “seins généreux”.

  On peut retrouver la dérivation de bsq. EGOSKI/EDOSKI “téter”, formes “orthodoxes” (sur /*ED-/dhē-/) et le passage aux formes surprenantes de gr. πέσσω/πέπων (péssō, pépōn) et le théorique i.-e. /*kwekwō/ qui s'expliquent par les règles de la phonologie (pour l'alternance k/p, cf. lat. quis = gr. tis).
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