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EHAINDU/(H)EBAINDU/EHUNDU, cf. JO.

1º)
“battre à coups redoublés” de la laine, du lin pour les faire gonfler avant de les filer ou de mettre la laine sous enveloppe pour matelas, couettes, traversins, etc...
2º)
“être exténué de fatigue”, “être frappé d'épuisement jusqu'à en être paralysé”. Synonyme JOA.
3º)
“briser un animal, une personne”, “mettre en pièces”, “laisser à demi mort”, “tuer”.

  EHAINDU/(H)EBAINDU : métathèse d'aspiration. Le grec en a couramment.
  L'ensemble du champ sémantique est relié à celui de JO, EHO, EHAIN, EHUN, etc... “battre”, “tisser”, “moudre”, “frapper à mort”, ... Cf. gr. ὑφαίνω (ϝuphaínō). Chtr. 11, 63 “tisser”, “tramer, combiner”, etc... ; ὑφαντος (ϝuphantos) “tissé”, à comparer avec bsq. EHUNDU “tissé, moulu...”. P. CHANTRAINE 1163-11164 : « la technique de “tisser” appartient au vieux fonds de l'i.-e. et il existe une racine attestée dans la plupart des langues (mais non en italo-celtique) [cf. pourtant uēlum] pour exprimer cette notion de forme alternante /*webh-/, /*ubh-/. La forme à vocalisme zéro /*ubh-/ se retrouve dans le grec ὑφαίνω (ϝ/wuphaínō) avec un suffixe qui n'est pas de structure archaïque : il combine /αν-/ [an-] avec /*-ye/o-/ ; termes plus archaïques en skr. avec des formes verbales en infixe nasal signifiant “attacher” : de /*ubh-/ : ubhnā́ti, unápti, umbháti, etc. [...] Avest. ubdaēna “tissu” ; on a un vocalisme /*wē̆bh-/ dans les noms ūrna-vā́bhi (et -vábhi-) “la tisseuse de laine” = nom de l'“araignée” et ūlṇa-vā́bhi “la tisseuse de laine” ; cf. DEBRUNNER, Festschrift SOMMER, 20-24. Vocalisme /e/ en germanique, v.h.a. weban “tisser, tresser”, etc. ». Cf lat. arāneus, bsq. ARIGIN “tisserand”.
  Cf. bsq. HEBAIN v.h.a. weban et bsq. ARMI-MAHO “toile d'araignée” (et MAHO “toile, filet”), skr. ūrṇa-vā́bhi “araignée”.
  Le dictionnaire de P. LHANDE rapporte : ARMAMA, ARMAMIO, ARMIAMA, AÑHARBA/AINHARBA, etc... “araignée”. Manifestement la signification et la forme originelle sont altérées. Mais ARMI-MAHO est une forme vivante dans la langue moderne (Estérençuby, Lecunberry, Eyheralarre, Ascarat, etc...). MAHO est compris comme signifiant “toile”, mais ARMI/ARBIA ne sont plus compris, leur signification est perdue. Le skr. ūrṇa ( ūl-ṇa ?) se déchiffre comme génitif de bsq. /ULE/ “laine” + /EN/ désinence de génitif adjectivation (cf. E. Bvn., Origines) : ūrṇa-vǡ́bhi “tisseuse de fil” doit correspondre à ARMI(A)-MAHO “toile d'araignée”.
  Ainsi, bsq. HEBAIN-DU et racine i.-e. /*wē̆bh-/, th. I, et /*ubh-/, th. II, correspondent probablement. Quant au lat. qui distingue (I) uēlum “draperie, voile, rideau” et (II) uēlum “voile de vaiseau” et les hésitations de MEILLET pour leur attribuer comme racine : (I) /*weg-/ “tisser”, (II) /*weg-/ (uehō “se mouvoir” [et bsq. HIG-I “(se) mouvoir”]), on proposera une racine commune /*wē̆bh-/EHO/HEB-AIN/ “tisser” et bsq. OIHAL “drap, toile, linge”, etc... de EHOLE “tisserand”. Cf. patronyme EHULETXE, toponyme IRULEGI.
  HEBAIN-DU “battre” est à rapprocher du gr. béotien βάνᾶ (bánā), pluriel βανῆκας·γυναῖκας (banēkas.gunaȋkas) “femme(s)”, véd. gnā- “femme, déesse”, bsq. AÑA “femme nourrice”, angl.-sax. queen “reine”. Racine i.-e. /*gwen/ (Chtr. 243) à rapprocher de bsq. /EHUN/ “battre”, de /HEBAIN-/ “battre”, à entendre sexuellement. Cf. lat. mulier “femme”, « d'origine inconnue », M. 419, mais verbes lat. molere et gr. μυλλω [mullō] “moudre”, « quelques fois employé avec un sens obscène », M. 411.

  Il semble que les linguistes entrecroisent plusieurs “racines” à la base de cette vaste famille :
1º)
/*webh-/ (th. I)/*ubh-/ (th. II) : idée de tisser, bsq. EHAIN et HEBAIN “frapper, tuer”.
2º)
/*ghwen-/ “frapper”, bsq. JO, EHUN
3º)
/*gwen-/ “femme”, “femelle” bsq. ANA/AINA/ANDA (avec /d/ épenthétique ?), ANDER, ANDERE “femme, déesse”, Chtr. 243 :
Védique gnā- “femme, déesse”.
Béotien βάνᾶ (bánā) “femme”.
Arménien pl. kanay-kʽ “femmes”.
Messapien gunakhai “femmes très douteuses”.
Phrygien βονοκ (bonok) ?

  Dans la mesure où ces formes sont attestées on est tenté d'invoquer F. de SAUSSURE : « la diversité des formes dialectales recouvre leur profonde unité (Cours, Payot). En effet, dans un domaine de ce genre à connotations sexuelles et meurtrières lourdes, la diachronie, les formes synchroniques (actuelles) et métaphoriques tendent à converger : fr. vulgaire tirer un coup ; castil. mexicain joder la vieja qui se traduit en bsq. (de Californie) « ATXUA XAFLATU : litt. battre la petite vieille = se taper la vieille », lat. futuēre “foutre” que A. MEILLET 264 rapproche de *futo “battre” : « l'idée de futuēre est souvent exprimée par un mot signifiant “frapper, heurter” ; cf. βινέω, κρύω, παίω [binéō, krúō, paíō], molō. »

Gr. βινέω (binéō) “coïre”, βια (bia) “force physique, violence”,
Gr. κρύω (krúō) “frapper, heurter : porte, mains, rames, etc.”, “attaquer” dans le sesns de βινέω (binéō) “coïre” une femme, skr. jinā́ti “faire violence”,
Gr. παίω (paíō) “frapper, heurter” dont le parfait πέπαικα (pépaika) évoque le bsq. à infixe nasal PAMPAKA “à coups redoublés” ; avec préverbe ZA-FLATU, ZA-PLASTU “frapper, gifler”/ gr. δια-πλη̄ξαι (diá-plēxai) “frapper” de πλήσσω (plḗssō) “frapper”,
Lat. molō “broyer le grain” et aussi à sens obscène : βινέω (binéō) = permolō, gr. μυλλω (mullō).

  Le skr. thématiquejinā́ti semble proche de bsq. EHAI-NI/EHAIN-DI/EHAILI “battre à mort”, et de l'athématique HANTU “frapper à coups redoublés, rouer de coups”. Cette acception n'est rapportée ni par LHANDE ni AZKUE qui donnent le seul sens “enflure”, or le sens de “battre violemment” est toujours actuel, Iholdy, Lantabat, Estérençuby, Soule, etc. « NEXKA TXAR HUA PIPAN ATZEMAN DIAT ETA HANTUIK ZARRI DIAT : cette sale gamine (sa fille) je l'ai trouvée à fumer et je l'ai rouée de coups. » (Justin..., Iholdy 1995)
  Or on a (Chtr. 426) « un présent athématique radical à l'origine de ces [de /*ghwen-/ “frapper”] dérivés, skr. hánti = avest. jainti = hitt. kuen-zi “il frappe, abat” [...] dans diverses langues un présent thématique s'est constitué : skr. ženo̤̲ “chasser”. » Chtr. 425-426 s/θείνω (theínō) “frapper”, “tuer” dont passif aoriste radical athématique ἀπ-έφατο (ap-éphato) rappelle bsq. EHOTU “il a tué”.
  Cf. encore CHANTRAINE 590, à propos de gr. κτείνω (kteinō) “tuer, condamner à mort” (kteinō) : « il est possible que le présent κτειίνυμι (kteínumi), par *κτανυμι [ktamuni] avec vocalisme /e/ et aprés ἔκτεινα [ékteisa], corresponde à skr. ksano̍-ti “blesser” [...] voire aussi καίνω [kaínō] » ... ?  
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