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ETXE : “maison, bâtiment, logis, habitation, demeure” ; “maison, famille, extraction, lignée” ;
“construction, cadre” (AT(H)ETXE “cadre de la porte”) “caisson” d'un char (ORGETXE “charrette équipée de ridelles”), “système, ensemble” (GOLDETXE “l'ensemble des pièces de la charrue”), “structure”.

  Lat. tēxī, parfait de tegō “couvrir, recouvrir, protéger” ; lat. tegīle (de *tegetīle) “ce qui couvre, vêtement”, à noter le suffixe /-le/ identique en bsq. à valeur d'acteur, d'agent ; lat. tēgula “tuile”, toga “vêtement”, tegumen “enveloppe” de légumineuses ; bsq. TEKA/LEKA “cosse” de pois, fèves, haricots, soja, etc.

  Dans le même champ sémantique et formel, gr. στεγω (stegō) “mettre à l'abri, couvrir, protéger”, Chtr. 1046 : « famille de mots [...] à /s/ mobile à l'initiale », v. irl. tech “maison” répond à gr. στεγος (stegos) “toit” ; « l'antiquité de cette famille de mots est garantie par la richesse de l'alternance vocalique : lat. tēxī, vocalisme /o/ dans toga qui doit remonter à l'i.-e. ; v.h.a. dah, all. dach “toit”, rus. datcha. »

  Probablement bsq. ETXE est en relation avec ces formes, mais des pistes apparentées peuvent conduire vers la racine “originelle” de l'ensemble : lat. texō “entrelacer, tramer” ; M. 690 : « il y a une racine i.-e. signifiant “travailler avec la hache, charpenter” : véd. 3º pl. tákṣati, skr. tákṣan, avest. tašan- “charpentier”, v. sl. tesla “hache”, v.h.a. dehsala “sorte de hache”, irl. tal “hache”. » A. MEILLET conclut : « Y aurait-il une racine /*twek-s/, de sens général, à quoi se rattacherait texō ? » Plus loin, p. 691, s/tignum “matériau de construction”, il s'avance : « /*teks-/ de véd. tāsti “travailler à la hache” et de v. sl. tesǫ “travailler à la hache” n'est conservé dans aucun verbe latin. » Le rapport /*teks-/*tast-/ évoque l'intervention de bsq. AIZKOR lat. secoris “hache”. Enfin, bsq. JOKA/JOZKA “en frappant” de /JO/ “frapper” + /KA/ (procès à répétition) et JO-Z-KA, dont /z/ instrumental, que l'on retrouve dans les verbes gr. en -σκω, βιϐρωσκω (-skō, bibrṓskō) de procès par efforts répétés, peut offrir forme lexicale et grammaticale à la racine hypothétique /*twek-s/.

  Gr. τέχνη (téchnē) “manière de faire, moyen”, “métier, technique, art”, se traduit par bsq. JOKAERA, de /JO/ “frapper” + /KA/, etc. Chtr. 1112 : « le mot τέχνη (téchnē) exprime originellement la notion de “construire, fabriquer” ; il est donc certainement issu de la racine /*teks-/ (pour la consonne /ks/ cf. LEJEUNE, Phonétique § 28) qui a fourni skr. tákṣati “construire”, etc. »
  Gr. τεύχω (teúkhō), futur τεύξω (teúxō), aoriste inf. τεῦξαι (teũxai) qui a servi de base à lat. texō et qui signifie “fabriquer (un objet), construire (une maison), préparer (un repas), etc. Chtr. 1112 : « Τυχίος [Tukhíos] est le nom du forgeron qui a fabriqué le bouclier d'Ajax (Il. 7, 220) [...] Il semble possible que τεύχω [teúkhō] soit apparenté à τυγχάνω [tunkhánō]. »

  Gr. τυγχάνω (tunkhánō), moyen aoriste τεύξασθαι (teúxasthai) “toucher, rencontrer, atteindre”, Hom. l'emploie généralement à l'aoriste τυχεȋν (tukheȋn) pour indiquer que l'arme a atteint la cible visée. Chtr. 1143 : « Le lien étymologique avec τεύχω [teúkhō] “faire, fabriquer” est universellement admis [...] τυγχάνω [tunkhánō] avec le suffixe -άνω [-ánō], exprime un procès dont le terme est envisagé, d'où le sens d'“atteindre, rencontrer” et “se rencontrer, se produire” [...] got. daug, v.h.all. toug “être utile”, v.h.all. tuht “valeur, force”, angl. doughty “valeureux”, lit. daûg “beaucoup”, rus. djúžij “puissant” : /*dheugh-/. »

  Le bsq. offre également des formes variées et voisines des précédentes pour exprimer “frapper, heurter, rencontrer, procéder à, etc.”
  JOKA-TU “entreprendre, procéder à”, de /JO/, sens très général, “frapper, atteindre, aller vers”, etc.
  JOZKA-TU “marteler, piqueter, piquer, forger, amincir-battre la faux”.
  TUNKA-TU “heurter”, TUNKAKO “bourrade”.
  ZUNKA-TU “coup de tête que donne le veau en tétant”.
  ZANKA-TU “frapper pour enfoncer”, “coïre”.
  TALKA “heurt, choc” (l/u normal), TALKA-TU “heurter”.
  THUZTO “beaucoup”, Azk. 300 : « THUZTO ETA ZORREZ ITHO : “riche et noyé de dettes” = “avoir beaucoup (de biens) et accablé de dettes”. »
   
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  Les correspondances sont générales. En définitive, bsq. ETXE “maison” semble bien archaïque comme formation et est un déverbatif d'aoriste dont la perte du /t/ initial n'en est pas une : cf. IXO “battre, moudre”. L'archaïcité ne doit probablement pas remonter plus haut que le néolithique, époque à laquelle apparaissent les habitats en bois, concurremment avec l'habitat sous roches ou en grottes.
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