Si un moteur de recherche n'a sélectionné que cette page coupée du reste du service, cliquez sur le bouton Pour accéder à tout le site web ETCHAMENDY.com
HARAN “vallée”. Dans les sites ayant ce toponyme, HARAMBURU (Iholdy), HARANEDER (Estérençuby, quartier Beherhobi), Val d'Aran (Catal.), il y a une ou des sources à l'entrée supérieure du vallon ou de la vallée et on est amené à supposer que la forme /HARAN/ n'est qu'une variante de /GARAN/, qui peut aussi se dire /KARAN/, soit /GARA/ “haut, hauteur, extrêmité, tête” suffixé à l'inessif /-n/. Les formes actuelles courantes ont les désinences de locatif /-i/ et d'inessif /-n/ : GARAIN-DU suffixé en thème verbal “dépasser, passer par dessus, déborder”. /GARA/ et /HARAN/ doivent être à l'origine de “gave”, mot pyrénéen pour torrent de montagne. GARONA (de *GARA-ONA) “le bon torrent”, ou bien “(région, pays) ayant des gaves” ; cf. IBAI-ON “ayant des rivières”.
  Un sens important de /GARA-/ doit être “tête” ; cf. GAR/KAR-AUN “cervelle”, GAREZUR “boîte crânienne, os du crâne, crâne”, GARONDO “cou”, GARKOLA “creu de la nuque, nuque” ; de nombreux sens secondaires en dérivent, dont l'idée centrale est celle de hauteur, élévation, cf. GARAI-TU “vaincre, en arriver à bout, gagner, l'emporter sur”, GARAIEN/GEIHEN “l'aîné”, litter. “le plus haut, le plus grand” à double suffixe de locatif /-i/ et de superlatif /-EN/ ; les adverbiales GEHI “plus”, qui peut se conjuguer en verbe “ajouter”, IGARAN “monter”, “passer” pour le temps qui passe, GARAIZ “à temps” suffixé à l'instrumental /-z/ = /s/, GARAI “le passé”, “le temps”, verbe GAIHAN-DU (de GARAIEN-DU) “dominer”, GAIN (de GARAIN) “dessus”, GEREINO “étalon”, GIRI “rut des équidés”, GARGAITE “cime”, GORA “haut, hauteur”, “cher, de prix élevé” et d'autres formes à vocalismes divers : GARBAL “coupé ras (les cheveux)”, GARSOIL “chauve”, GARAITI/GATI “pour”, “en plus, par dessus”, GORETSI “glorifier”, GOIEN “sommet”, GOITI-TU “lever, dresser”, “épargner, ranger”, GOITZE “maîtriser”, etc.
  La comparaison nous offre gr. κρήνη, dor. κρᾱ̉νᾱ, éol. κράννᾱ (krannā) “fontaine” qui « repose évidemment sur /*κρασνᾱ/ [tête = κάρᾱ] » Chtr. 582. Il y a aussi gr. κρουνός (krounos) “source”, qui, selon Chtr. 587 « peut reposer sur /*krosno-/ et l'on rapproche les mots germaniques signifiant “flot”, etc., v. norr. ḥrǫnn, angl.-sax. hroen, hoern, germ. commun /*hraznō/, i.-e. /*krosn̅a/ . » ??
  L'expression latine caput fontis et la glose κράνα · κεφαλή (krana kephalē) (Hsch.) accréditent bien le parralèlisme des formations basque /HARAN/KAR-/ “source”, grecque κρᾱ̓νᾱ/*κρασνᾱ (krānā/*krasnā) “fontaine” et latine caput “tête” et “cîme, sommet”, enfin “source”, M. 98. Comme il y a parallélisme entre lat. caput (dans capite cēnsī) “individu, personne”, gr. κεφαλή, dans κράνα · κεφαλή (kephalē, krana kephalē) et basque GARAUN “individu”, dans « GARAUNTXU BAT BERE ITXI BAGARIK = sans épargner un seul individu » Azk. 328.
  Lat. grandis “grand”, « d'étymologie inconnue » (M. 281), doit avoir la même origine que GARAIEN “aîné, le plus haut”, GARAINDI “dépasser”, etc., de même que lat. gradus “pas”, “marche, degré” d'escalier ; lat. aggressiō, ingredere, progredī, etc. Cf. bsq. IGOR, IGARAN “monter, passer, marcher”, GARATU “croître”, etc., lat. gradior “marcher”. Pour A. MEILLET 280 : « Dans l'ensemble, le groupe est obscur . » La voyelle /i-/ initiale de IGARAN est probablement un augment.
Retour à la liste des mots du lexique
commençant par H