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HASPO, HASKO, HAUSKO “soufflet de cuisine”.
  Formé de /HATS/ “souffle, haleine” et de la désinence du génitif de destination ou de but /-KO/ “pour, dans le but de”, sens litt. “pour souffler”.

  Correspondances : gr. φυ̑σᾰ (phȗsȃ), ion. φυση (phusē) “souffle, vent, flatuosité” et φυσητήρ (phusētḗr) “soufflet, ce qui sert à souffler, flûte” ; skr. bhás-trā répond à la forme gr. “soufflet”. Mais les étymologistes proposent deux thèmes différents, du moins en apparence : pour gr. φυ̑σᾰ (phȗsȃ), /p(h)u-s-/ chez POKORNY, 848, cité par Chtr. 1236, et l'on a bsq. PHUTZ “flatuosité”, PHUZTU “(se) gonfler, s'enfler de joie, de fierté”, PHOZ- “joie”, etc. ; et pour skr. bhás-trā, /*bhes-/, thème I, “souffler”, th. II /*bhs-eu/ thème II, et l'on a bsq. BUHA-(Z)/UPHA-(Z)“souffler”, peut-être suffixé /-z/ d'instrumental ? Les deux thèmes i.-e. résultent en fait d'une unique “racine”. Mais est-ce une racine ? On a bsq. /HAS-/HATS-/ “souffle” qui semble être à la base de lat. spīrō “souffler”, spiritus “respiration”, etc., dont MEILLET, 642, dit : « aucun correspondant exact hors du latin ». À notre avis, ces hésitations s'expliquent par l'“énignme” du /s/ initial, qui pour nous, pourrait être la trace de /HAS/, l'élément qui suit dérivant de ferō, ferre “porter” spīrō littéralement “émettre un souffle, respirer”, cf. bsq. HASPER-EN “soupir”, à ne pas relier à adspīrō, malgré l'apparente évidence : /HASPER-/ répond à /spir(ō)/ sans préverbe. Des formations analogues sont toujours actuelles : IZER-PER(A) “qui transpire”, SUSPER(A) “qui émet du feu, enflammé, irascible”, HOZPER(A) “frileux”, MINBER(A) “sensible”, etc.

  Ainsi, BUHA serait-il, avec ou/et sans sifflante, un composé de /BU-/ (“être à”, “devoir”) et /HA/HAS/ ?? Ce morphème bisyllabé // se retrouverait peut-être, appartenant au même champ sémantique, dans lat. hālō, hālitus, hālitō “exhaler un souffle, une odeur”, sans étymologie démontrable, M. 239. La chute du /s/ devant suffixe /-/ (bsq. /-LE/) expliquerait l'allongement de // ; hālāre serait un dénominatif fait sur /*has-lo-/ (bsq. *HATSLE “souffleur”) : cf. EHO EHOLE EHAILI : le premier, /EHO/, est un verbe “battre, moudre, tisser”, le deuxième, /EHOLE/ un agent, le troisième, /EHAILI/, verbe “rouer de coups” et l'ensemble OIHAL “tissus”, lat. uēlum “voile”.

  Quant aux suffixes d'agent gr. /-τήρ/ (tḗr) et skr. /-trā/ (phusētēr, bhás-trā), il est intéressant de noter qu'ils ont la même valeur que /-KO/ (génitif de destination) de bsq. HASKO/skr. bhás-trā, /-trā/ étant également un suffixe de destination. Cf. E. Bvn., Noms d'agents, 12, qui distingue soigneusement les noms indo-européens en /-́tr̥ / et en /-tŕ̥ / opposés par la place du ton en sanskrit, et par vocalisme radical en iranien. La première catégorie s'applique à l'auteur d'une action (il a fait, accompli cela...) et la deuxième catégorie s'applique à l'acteur voué à tel type d'action (qu'il y ait accomplissment ou non), il n'est que pour cela, c'est sa fonction. De nombreux exemples indiens des Védas, iraniens Avestiques et grecs : Hom., tragiques, histor., suivent. BENVÉNISTE, 17, aborde à cette occasion le problème du futur périphrasique, qui attire vivement le bascologue : « Dans la définition que nous donnons aux noms d'agents en /-tŕ̥ / se trouve préfigurée la solution d'un nouveau problème : le futur périphrastique. À vrai dire le problème se résoud dès qu'on en a formulé exactement les termes : Au point de vue formel, on ne saurait douter que le futur dātā́smi procède de la forme d'agent en /-tŕ̥ / et de celle-là seulement. »
  En effet, dātā́smi /dātar/ “donneur” + /-as/ “être” + /mi/ “je, moi”, soit “je suis à donner = je dois donner”.
  E. BENVÉNISTE insiste : « ce futur [...] marque moins l'avenir que la nécessité de ce qui doit se produire. C'est un futur de certitude que les grammairiens de l'Inde appellent śvastaní “de demain”, et qui s'accompagne souvent d'une précision temporelle (śvas, prātar). »

  La forme du basque /-TE-AR/-T-ER/ exprime exactement la même chose : AMAI-TZE-AR, ETOR-TZE-AR, EGI-TE-AR, EMAI-TE-AR, etc., (DU/DA) : “être à finir, être à venir, être à faire, être à donner”, etc. Cette forme a un doublet explicite en /-KO/-KE/ (génitif de destination) pour /-AR/ “être, devoir” : AMAI-TZE-KE, ETOR-TZE-KE, EGI-TE-KE, EMAI-TE-KE, etc., et même sens. Le radical verbal est suffixé /-TE/-TZE/ qui en fait un substantif, comme le gr. /-σις/ (-sis) : φύομαι (phúomai) “faire pousser” φῡ́σις (phsis) “accomplissement effectué d'un avenir, nature réalisée”), et la deuxième suffixation /-KO/ y ajoute la destination : à réaliser, mais aussi le défaut : pas encore réalisé.

  Les formes i.-e. /-́tr̥ /-tŕ̥ /, gr. /-τωρ/-τήρ/ ((-tōr, -tḗr) doivent être de formation plus récente que les formes bsq. /-TE-AR/-TE-ER/ et /-TE-KO/-TE-KE/, dont la double suffixation à chaque forme trahit l'origine de l'ensemble du mécanisme grammatical, mécanisme masqué (et cela est canonique pratiquement) dans les formes i.-e. ultérieurement apparues, contractées, au point que pour le linguiste ne disposant pas des formes bsq., le “suffixe” /-tr̥ /-τωρ/-τήρ/ est le résultat de la soudure de deux suffixes.

  Le futur périphrastique du bsq. se fait en -/KO/ et /-(R)-EN/ (également génitif), suffixant le verbe-substantif + l'auxiliaire, tandis qu'en grec et indo-iranien, c'est une autre racine de verbe être /es/as/ (présent aussi dans le bsq.) qui s'ajoute au radical verbal, souvent déjà substantivé également, comme dans dātā́smi, futur gr. λύσω (lusō) “je délierai”, λύσομαι (lúsomai) “je serai délié”. Les contractions sont extrêmes : le radical /λύ/ (lú) n'a plus de marque de substantivation (comme dans dātā-s-) et s'adjoint /σ/ “être” + /ω/ (ō = oo /o/ thème analogique et /o/ désinence de première personne), et le médio-passif remplace le deuxième /o/ (désinence de première personne) par le /μ-/(m-) “je, moi” + /αι/ (ai), qui semble bien être encore un verbe d'existence : bsq. /AR-I/ IZ-AI-TE. Il y a, dans cet abrègement du syntagme d'origine, à nos yeux, une perte de cohérence qui rend les formes difficilement analysables ou inanalysables sans le recours au comparatisme.
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