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(H)UMATU (I) : “battre quelqu'un à coups redoublés” Lh. 1002 ; en BN, le mot désigne à peu près “réduire totalement”, “réduire à merci”, “anéantir toute résistance” de la part de quelqu'un ou d'un animal que l'on dresse, “faire plier la volonté de l'autre” ; ce sens est mentionné par Azk. 358 “abollar”, “bossuer”, bref c'est dans le sens de “dompter” par la violence. Secondairement, “ramollir, se ramollir”, “faire mûrir” des fruits, etc.

(H)UMATU (II) : désigne également, dans un champ sémantique tout différent, “mettre bas, mettre au monde”, de (K)UME “petit de”, “produit de la reproduction”, dérivant de la même racine /*hom-/ “terre”. [Voir (K)UME/homo].

  Pour la famille (H)UMATU (I), il faut mentionner UMO “mou, mûr, blet” et “circonspect, prudent, homme mûr, calme” qui vérifie le sens premier de “dresser, dompter”. On doit pouvoir rattacher à la même famille AMOR “acte de cession”, AMOR EMAN “céder” Lh. 40, litt. “donner AMOR”. La forme a pu être contaminée par lat. amor “amour”, sens érotique car en langage « zuzendualgaire » (sensū obcenō) l'expression signifie, en fait, “violer”, “contraindre une jeune fille, une femme”, comme du reste le mot “dompter” en fr. classique dans des contextes précis.
  On peut, par l'étude comparative, remonter à la signification originelle de (H)UMA-TU : “terrasser, rabaisser jusqu'à terre”, mais cette interprétation est à débattre avec les points de « zuzenduae » des grands lingüistes A. MEILLET, E. BENVENISTE, notamment. Lat. domāre “apprivoiser, dompter” sens propre et figuré, M. 182 : « La racine est dissyllabique, de forme /*demə-/*domə-/*dmā/. » MEILLET cite v.h.a. zamian “apprivoiser”, véd. damāyati, skr. dāntáh “dompté”, etc. Après un détour vers gr. δέμο “je construis”, sans y rattacher le mot “dompter”, il renvoie à E. BENVENISTE, qui distingue radicalement “dompter” et “construire”. Il faut donc choisir entre domus et humus. Chtr. 250, gr. δαμάζω (damazō), δάμνεμι (damnemi) “réduire par la contrainte”, “dompter” en parlant d'animaux, de jeunes filles, de peuples que l'on conquiert, etc. [le fameux « domuit vascones » des rois wisigoths d'Espagne...].
  P. CHANTRAINE conclut : « Racine bien connue dans diverses langues i.-e., exprimant l'idée de “dompter, soumettre par la contrainte” [...] Pas de rapport avec le nom de la maison /*domo-/, cf. E. Bvn., BSL 51, 1955, 22-29... » Rien de tranché. Or A. MEILLET, CHANTRAINE et BENVENISTE citent dans leurs articles le v.h.a. zamian “apprivoiser” et MEILLET, 302, à l'article lat. humus “terre”, cite gr. χαμᾶζε (khamaze) et χαμαί (khamai) “à terre”, lit. žēmė “à terre”, hitt. tegan, loc. dagan issu de /*g(h)đhōm/, le thok. A tkaṃ “terre” qui, par la dentale, rappelle gr. χθων..., lat. humilis rappelle gr. χθαμαλός (kthamalos) “bas” [bsq. TAMEL “homme de rien” Lantabat ; Azk. et Lh. ne mentionnent que TAMAL “malheur, pitié, regret,... ”]. Chtr. 1258 cite mycénien kama “sol”. Bsq. (H)UMA-TARI litt. “qui met à terre” correspond à indo-iran. hamqēstar “soumettre”. Guttural dans KUME “petit, nouveau né, enfant”, laryngale dans HUME, labiales aussi (tant est vivant son polymorphisme), pour la terre, entre autres radicaux, /BUZ-/ (cf. BUZTIN “argile”), /PEZ-/ (PEZOIN “levée de terre”), à coté de skr. kṣā́ḥ “terre”, skr. kṣámyaḥ “terrestre” : la désinence de génitif skr. kṣā́ḥ jmaḥ se retrouve dans lat. humus “terre”, homo “homme”, bsq. (K)UME, (H)UME, UMO ; got. guma “terrestre”. L'étymologie de la forme bsq. est aussi celle de lat. domāre, gr. δαγνημι “abattre, mettre à terre”.
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