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JUAN/JOAN/IOAN/GAN “aller, s'en aller”.
  En conjugaison synthétique NOA, HOA, DOA, GOAZ... apparaît le radical /OA/ qui fait penser de suite à lat. īre : eō “je vais”, qui a des formes du type īuerat, īuisse rappelant bsq. JUAN, JUAITEN de la conjugaison composée. M. 197 : « À la racine de lat. se rattachent : itō, -as doublet de , rare et familier [...] L'ombrien semble remonter à /*eitō/ [...] fréquentatif de (cf. ititō) ». Ce qui permet le rapprochement avec JUAITEN (cf. EMAITEN, EGOITEN) : soit radical élargi en /t/ JOAI-T ; élargissement pour substantivation d’un thème verbal (A. MARTINET, Des steppes aux océans, p. 207 du chap. X sur la “Grammaire” de l’indo-européen).

  La forme GAN/GATEN est-elle une simple substitution d'occlusive d'arrière à l'occlusive d'avant (courante) ou bien nous suggère-t-elle une autre racine ? « La racine /*ei/*i / fournissait un présent radical athématique qui n'était accompagné ni d'aoriste ni de parfait : pour ces aspects, on recourait à d'autres racines » M. 199. Et GAN n'admet pas la conjugaison synthétique, du reste défective.

  On pense à gr. βαίνω (baínō) “marcher, se mettre en mouvement” de /*βαν-yω/ (ban-u ō) supposant un thème à nasale. Chtr. 158 « il s'agit d'une racine à labio-vélaire initiale qui peut présenter la forme /*gwem-/*gw-/ ou /*gw2-/gwə2-/ . »

  E. BENVÉNISTE, Origines, 156, prècise : « les trois thèmes parallèles du verbe “aller” /*gwem/, /*gwa-/ et /*gwu-/ (skr. agrégu-, puro-gavá) sont des thème II d'une racine /əegw-/ (nature de /ə/ indéterminable faute de formes), savoir :
• I /*əégw-m-/ : II /*əgw-ém-/ = /*gwém-/
• I /*əégw2-/ : II /*əgw-éə2-/ = /*gwā́-/
• I /*əégw-w-/ : II /*əgw-éu-/ = /*gw/ . »
  La forme II /*gwā́-/ est à /*əégw/, comme la forme II (= //) à /*ə1ei-/ (= /ei/) “aller”. Ainsi BENVÉNISTE réconcilie les trois thèmes : /*ei/ et // (gan) seraient de même source.

  Voici des formes bsq. troublantes : ZAPA/ZAP(H)A “compression, écrasement”, ZAP(H)A-TU “marcher sur, tasser” évoquent gr. πατέω (pateō) “marcher sur, piétiner” et surtout διάϐασις (diábasis) = ZAPATZEN “piétiner, presser, opprimer”. ENBATA “vent précédent la tempête”, réputé emprunté à cast. embata (Lh. 241), et qui s'accompagne de la “visite” de YELTSO au mât du navire : forme ardente multicolore qui apparaît à la pointe du mât (selon informateur de Saint-Jean-de-Luz) et qui annonce la catastrophe pour les marins, « YELTSO » aurait été considéré comme un dieu de la mort (*). Était-ce cela qui s'appelait EMBATA ? Cf. gr. ἐμ-βατεύω (em-bateúō) “fréquenter, occuper”, ἐμϐαδον (embadon) = πεζῃ “poser le pied sur”.
  À l'appui de ces similitudes, cf. v. norr. gangánda fe “richesse qui marche, bétail” opposé à liggjanda “richesse immobile” CHANTRAINE 939, s/πρόϐατον (próbaton) “marchant devant” = “moutons”.
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(*) En fait c’est un phénomène électrique dû à l’ambiance orageuse.
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