INDO-EUROPÉENS
EUSKARA
Nº 16 – Le suffixe /*-tew*/-tu/ :
Fournit
• des substantifs d’action « subjective, émanant du sujet et l’accomplissement en tant que prédestination ou disposition interne, déploiement d’une virtualité, ou pratique d’une attitude personnelle, toujours dirigée dans le même but ».
E. BENVÉNISTE, Noms d’agent, 112.
/*gwem-/ “venir” /*gwém-tu/ “venue”,
véd-tu-, lat. ventum (supin de venīre).                       






• des substantifs primaires à radical zéro et ton
suffixal : *pr̥-tú-ir, *pr̥-tu “gué”, “pont”, lat. portus    
“port” et “passage” dans angiportus “passage étroit”, germ. *furdu- “gué”.







• la forme thématique de /*-tew-/*-tu/ qui est
/*-two-/ fournit des adjectifs adverbatifs à valeur prospective : véd. ḵr̥ “faire” kár-tva               
“à faire”, forme et sens étroitement liés aux substantifs de type /*gwém-tu/ et aux infinitifs qui en relèvent.








 
Les équivalents basques sont :
  GANTUZ/GANTUAZ, instrumental “en allant, par le
  fait d’aller” et “pour aller” ; ERRAITEZ BANOA “je vais
  pour dire” (supin du latin).
  GATEKO, géniif de but, GATERAT, adlatif directif “pour
  aller, pour le fait d’aller”.


Bsq. /ARTE/ “intervalle, passage, fente, détroit”,
  toponymes UHARTE “île, entre eaux”, LANDARTE
  “entre les champs”, OIHENARTE “clairière, entre bois”,
  LARRARTE “entre landes”, etc.
  Les verbes /ORTU/ (dans HILORTU “avorter”) et
  SORTU “naître, venir à la lumière, mettre ou être mis
  au monde” pourraient procéder de la même racine.
  Dans tous les cas, formes et sens basques et i.-e.
  se recouvrent.



Bsq. /-TUAZ/-TEKO/-TERAT/ = prospectifs. Cf. lit. piautùvas “faux” piauti “faucher” donc “pour faucher”.

Bsq. PIKATUAZ “pour faucher” de PIKA-TU “faucher”, mais non employé comme substantif.
C’est le recouvrement le plus surprenant. Toutes sortes de substantifs déverbatifs sont possibles par ce mécanisme, en basque, mais surtout, sinon uniquement avec la désinence /-TEKO/, génitif de but.
EURIKO “imperméable” /EURI/ “ pluie ” et EDATEKO “boisson”.