INDO-EUROPÉENS
|
EUSKARA
|
Nº 17 Le suffixe /*-men*/
: ➣ fournit des dérivés primaires sur racine à degré /*e/ : tous des substantifs neutres : noms daction, *néw-ṃn le fait de hocher la tête ; des infinitifs grecs en -μεν et μεναι ; noms de lobjet accompli ou affecté, /*bhér-ṃn/ fardeau ; noms dinstruments, /*déH1-ṃn/ lieu ; noms dagent neutre, /*sréw-ṃn/, ce qui coule. La valeur centrale de ce suffixe /*-ṃn/ serait celle de nom instrumental, les autres valeurs en étant issues. Mais /*-ṃn/ fournit des animés correspondants désignant lêtre qui préside au procès que véhicule la racine, sans être des noms dagents du type de gr. ἴδμων qui sait : cest à dire des noms agentifs ou tirant vers les noms daction, type gr. αὐτμην (autmēn) souffle. /*-men/ + /nt-eH2/ → des collectifs, lat. armenta les troupeaux. ➣ La forme thématisée de /*-men/ → /*-mno/ sert surtout comme suffixe de participe présent et daoriste médio-passif ; en avestique et quelques formes isolées du lat. alumnus nourrisson (ancien participe de alĭ être nourri, croître), refaite en gr. (-μενος) et en indien (-māna-). Il est possible que li.-e. /*-men/-mṃno/ ait plusieurs origines, notamment : lat. alumnus nourrison et lat. fēmina ← */fēlā/ mamelle + /mina/mna/, gr. θηλη mamelon ← /dhē-/ téter, sucer, traire, cf. bsq. DJAN manger. Donc fēmina signifie qui allaite, qui donne à téter ; skr. dháyati il tête, bsq. DJETS-I/DJEITZ-I traire, (D)ITZAIN sangsue, etc. Le deuxième terme de fēminā, /meno/ est commenté par A. MEILLET 224 : « ancien participe en /meno/, dont lemploi comme adjectif est bien attesté ». |
L'euskera comporte de nombreuses formes suffixées
: ➣ Bsq. -MEN(A)/-PENA, -MIN(A) et les origines du suffixe paraissent diverses : Noms daction : AHAMEN bouchée de /AHO/ bouche; LUZAMEN prolongation de /LUZ/ long; ORHOIMEN/ORHOITZAPEN souvenir, mémoire; ADIMEN entendement ← /ADI/ entendre; IRUDIMEN/IDURIPEN représentation, opinion, impression ← /EIDURI/ ressemblance. Á première vue le suffixe semble un emprunt pur et simple aux langues romanes, mais sans la dentale finale, laquelle se retrouve dans les emprunts de formes entières : SENDIMENTU, SALBAMENDU sentiment, salut. Noms abstraits de certaines qualités : GEMEN réactivité, énergie, force de caractère de /*GAR-MEN/ ? ← /GAR/ flamme. Mais GEMEN peut être pour GEBEN défense, doù lidée de réactivité contenue dans le mot ? (← /GE/ = négation + /BE/ devoir → GEBEN qui est défendu ou qui se défend, le /N/ final recouvre le relatif enclitique et/ou la conjonction de subordination postposée /-AN/. Noms dagent : ZURRUMA/ZURRUMBA (cf. suffixe nº 7) chute deau répondant à li.-e. /*sréw-ṃn/ et à gr. ῥευμα (ϝreuma). Les formes et les valeurs semblent sentrecroiser. INGUMA papillon, revenant, cauchemar, les papillons de nuit étaient perçus comme lâme dun défunt récent. /GUMA/ = produit de, enfant de et le premier terme /IN/ ? Cf. IÑ(H)AZI éclair où /IN-/ signifierait feu : INGUMA signifierait âme du purgatoire qui se manifeste ? et serait une création récente... ou esprit dun défunt antérieurment à la christianisation, mais alors pourquoi la référence au feu ?... Léquivalent de lat. mens, -tis pensée, présent dans lat. memini se souvenir ; gr. μιμνήσκω (mimnēskō) iavoir à l'esprit, à la pensée, se souvenir, du radical /*mnā-/, se retrouve dans les formes basques dinterprétation claire en suffixe : HERRI-MIN mal du pays, ETXE-MIN nostalgie de la maison, EZKON-MIN souci fébrile de se marier, MAITE-MIN tomber amoureux, IKUS-MIN curiosité, impatience de voir, JAKIN-MIN volonté de savoir, etc... de /MIN/ souffrance, douleur, pensée lancinante, regret → AUHEI-MIN complainte de /AUHEN/ insatisfaction, lamentation ← /OIHU/ cri, appel ; cf. lat. uenus, skr. vȧnaḥ désir érotique, uŏuĕo, -ēre “faire un vœu à une divinité”, “promettre par vœu, vouer”, “souhaiter, désirer”; véd. vȃgahat- faisant voeu ; gȃth-aogəda il a dit, cf. bsq. OIHUKA = gr. ευχομαι prier à cri. /MIN/ se reconnaît dans bsq. MINBERRA sensible, douloureux employé pour le physique et le moral. La formation bsq. se lit : /MIN/ mal, pensée + /BER(A)/ porter, cf. IZERPERA qui transpire, SUSPERA passionné, furieux ← /SU/ feu + /S/ instrumental + /PER(A)/ porter. MINBERA évoque lat. memor, gr. μέρμηρα (mermēra) souci ; angl.-sax. remember. Bsq. /BER-/PER-(A)/ = lat. fĕro, ferre, gr. φέρω,-ειν porter et sidentifie aisément : cf. BERME caution, ERNAI poutre maîtresse portant toute la charpente, BERNA jambe/lat. perna jambe. ➣ Bsq. ALA EMAN mettre au pâturage. Avec vocalisme /e/ : ELI-KA-TU (s)alimenter. Cf. lat. ălo, alĕre nourrir, v. angl. allan et eald id.. Cf. bsq. ALDUDE village de BN, territoire de pâturages communautaires jusquau XVIIè S., ← /*ALA-BIDE/ chemin des pâturages. Lat. alumnus semble un calque de ALA EMAN ; /ALA/ est peut-être en rapport avec /AR-/OR-/UR-/ avaler, dévorer, cf. ARTO, URGI, HAR-ITZ, BARUR et lat. uŏro, -rāre. ➣ Bsq. TITI EMAN allaiter, litt. donner la mamelle. La formation i.-e. /meno/ ne peut dire autre chose → /*dhētmena/. Cf. la chanson : HAURTXO TXIKIA NEGARREZ DAGO AMA MAIOZU TITIA [...] Le petit enfant pleure Mère donne lui le sein [...] |