INDO-EUROPÉEN
EUSKARA
Nº 7 – Le suffixe /*-ey/*-i:
Fournit des dérivés primaires à degré zéro radical,
ton suffixal, masculin ou féminin, à valeur d’action.
Vieille formation , avec peu d’exemples.

    /-*stH2-ey-/ “fait de se tenir debout”                 
    (/*stH2-/), véd. pratis̥thí  “résistance” : Pas de
    forme pleine.
 
plusieurs de ces dérivés n’apparaissent qu’au datif   singulier : véd. dr̥s̀aye “pour voir” (*dr̥k-ey-ey) ; même thème que l’infinitif radical véd. dr̥śé (*d̮rk-ey) et même sens ; il y aurait continuité entre suffixe
/*-ey/*-i/ et la désinence de datif /*-ey/*-i /.

















/*-yo/, suffixe thématique correspondant à /*-ey
/*-i/, fournit des adjectifs déverbatifs issus de noms
racines et de leur datif singulier véd. -dŕ̥ś-ya  “à voir” : infinitif (nom verbal) au datif dŕ̥ś-é  “à voir”.





D’autres adjectifs sont bâtis sur le locatif singulier
/H2entyo/ “situé devant” et sur /*H2ent-i/ ”devant”













Le suffixe /*-yo/ fournit des adjectifs secondaires   d’appartenance, *gwow “bœuf” *gwow-yo- “bovin”.



Le suffixe /*yo/ sur invariants :
/*nu/ “maintenant” *néw-yo “nouveau”.            



* le suffixe /*-i/ de /*-ey/ peut se réduire en i.-e. à un rôle de voyelle thématique : lat. imbellis ( im-bellum-is) “celui qui est impropre à la guerre”.                     ⇒                   
L’équivalent de /*-ey/*-i/ se présente en basque, semble-t-il, avec une désinence de parfait /-IK/ (semblable à la désinence de dissociatif-élatif /–IK/) porteur d’une idée d’achèvement (parfait ?).

/ZUT-/, radical degré plein “raide, dressé”
   - ZUT-A “déterminé, “qui est raide, dressé”
   - ZUT-IK, parfait, et ZUTIKAN, “debout, qui a fini d’être
   dressé”, parfait à l’inessif.
Cf. parfait du latin steti “demeurer ferme”/bsq. ZUT-ZUTA “en érection”, à redoublement ; cf. forme redoublée du lat. sistō statuere “faire tenir droit, ferme”, “dresser, établir”
A bsq. parfait ZUTIK répond parfait gr. ἔστηκα ; à bsq. ZUTERA(T) avec désinence d’adlatif-directif manière d’être dressé, répond skr. stānaraḥ “ferme, immuable” M. 655.
Les marqueurs de bsq. ADLATIF-DIRECTIF, voire PROLATIF, sur radical verbal, confèrent un aspect du même ordre que la désinence du datif i.-e., présent aussi dans les infinitifs basques : aspect prospectif.
OHAR ( *OK-HAR) “percevoir, apercevoir, noter”,
    litt = “prendre l’œil” OHARTZEAR “à voir”, OHARTZEA-R-I (datif) “à voir”
OHARTZEAZ (instumental) “en voyant” et “pour voir”, à côté de OHARTUAZ (instrumental sur parfait, “en voyant, pour voir”), formellement un supin.
OHAR correspond à gr. ὁραω (ϝoraō) ”voir, porter la vue sur, contempler” de /*wer-/*wor-/ notamment, v.h.a. warra “attention”, tokh. B. wera “odeur” ???, bsq. SUD-UR “nez”, (H)URRIN “odeur” et gr. ῥις, -ινος (wris, -inos).
 
Au suffixe i.-e. /*-yo/ correspond bsq. /KO/, désinence de génitif de but et de prospection = de futur, sur infinitif : OHARTZEARI (datif) OHARTZERAKO (prolatif) et OHARTZE-KO (génitif de but = anglais to ) “à voir, pour voir” qui peut recevoir encore une désinence d’INESSIF /-TAN/ OHARTZEKOTAN = “en prévision du cas où cela se verrait”.
Pour le phonétisme /*-yo/-KO/, cf. bsq. ZAIO = ZAKO, DIO = DAKO “il le lui a”.

Latin ante/anti “en face de”, “avant, devant” v. fr. ains et bsq. AINTZI-N (désininence d’inessif) AINTZINEKO = i.-e. /-*H2 entyo-/ en doublet de AURR “avant” AURREN “en avant, devant” AURRE(N)-GO/-KO “de l’avant” ou/et “le plus en avant, le premier” de /-EN/ suffixe de superlatif homophone de la désinence /–EN/ de génitif-inessif. Ce radical paraissant à la base de l’i.-e. :
- /rēg-/ “roi”, rēgō “avoir la direction de” ;
- /rect-/ “droit”, rēctus “direction, gouvernement”.
- irl. recht  “loi”
- gr. ἄρχειν (arkhein) “marcher le premier, prendre l’initiative”, Hom. “commander”, gr. ἀρχαῖος (arkhaīos) ”antique, des origines”. P. Chtr. 12 : pas d’étymologie.

Le bsq. fait précéder cette formation de la désinence instrumentale /Z/ : exemple :
URRE “or” URREZ “en or” URREZ-KO “d’en or” ;
GIZON “ homme ” GIZON-EZ-KO “masculin”, cf. les formations d’origine italienne du français : BURLESQUE, GROTESQUE, QUICHOTESQUE…

Bsq. ORA-I-N (/I/ locatif, /N/ inessif) “maintenant” ORAINGO (/KO/ génititif d’origine) “actuel”.

GERO “après” GEROKO-A “ce qui est après, l’avenir, le futur”.

Bsq. BELDUR “peur” BELDUR-TI “peureux“ ;
GOSE “ faim ” GOSETI  “affamé” ;
GUDU “combat” GUDUTI “combatif ” ;
BURRU-KA “en lutte, en guerre” BURRUKATI “guerroyer”. Cf. germ. war, *werra “guerre”.

Bsq. BURU “tête” BURRU-KA “affronter” dit des taureaux, des bovins; “agresser” dit des hommes.