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ASE “saturation, saturé”, antonyme GOSE “insaturé : avoir faim”, “affamé”, “avide, concupiscent, insatiable”.
  Cf. gr. ἆσαι (āsai) infinitif aoriste “rassasier” Chtr. 121. Bsq. ASE signifie aussi “dégoût”, cf. français j'en ai assez, je suis saturé. De même en gr. ἄση (ásē), éol. ἄσᾱ (ásā) “dégoût”, médicalement “écœurement, dégoût”, en poésie de Lesbos, “dégoût, peine profonde”.
  « L'i.-e. comportait des dérivés suffixés en /*-yex/ et /*-ist(h)o/, initialement des substantifs d'agent à valeur intensive, type véd, déyas “qui donne beaucoup, […]” , des /*á2s -/ adjectivaux également intensifs, véd. varī-yas “vaste étendue” sur urŭ “large”, [voir URRUN “loin”] et, enfin, des comparatifs d'adjectifs, véd. náv-yas “plus nouveau”. » J. HAUDRY, L'indo-européen, 55.
  Bsq. ASKI “assez”, ASKO “beaucoup”, ASPALDI “il y a longtemps” [gr. πάλαι (pálai) “autrefois”, mycén. parajo. Le /d/ bsq. est une épenthèse]. Cf. formations analogiques du bsq. : GOIZASKI “assez tôt”, BELDUR-ASKI “effrayé un peu”, comme varī-yas , náv-yas.
  /-KI/ suffixe d'adverbialisation, cf. gr. -κις (-kis).
  ASEA se dit aussi pour “beaucoup, un peu trop”.
  Gr. ἀσηρός (asērós), éol. ἄσᾶρος (ásãros) “qui dégoûte” : l'// (ã) et l'/η/ (ē) dissyllabiques évoquent bsq. ASEGARRI “qui dégoûte”, à /g/ bien étymologique du verbe fossile /GAR-/KAR-/ th. I “faire” (cf. MINGAR, ZINGAR, etc. et les ordinnaux BI-GARREN, LAU-GARREN, etc.) ; l'amuïssement de ce /g/ se retrouve dans certaines formes du bsq. : IKARAGARRI IKARĀRRI “terrifiant”, URRAGARRI URRĀRRI “risible à s'éclater”. Il peut y avoir aussi contamination du suffixe /-ARI/ d'agent : ἄσαρος (asaros) est traduit également “qui fait le dégoûté”, cf. bsq. PELOTARI, ARRAINKARI, IHIZTARI, etc. et lat. sagmarius, berbicarius, etc. L'origine du suffixe ayant pu être un verbe : bsq. ARI “être en train de + verbe”, idée de procès en cours, souvent perçu comme signifiant “agir” quand il est employé à l'absolu. Ἆσαι (āsai) serait à relier au verbe ἅ̄μεναι/ἀήμεναι (ȧmenai/aḗmenai) qui n'a qu'un thème de présent ἀήσι (aḗsi) “souffler”. Bsq. HATS “souffle, respiration”.
  P. CHANTRAINE, 26 : « ἄημι [áēmi] est apparenté à des mots de diverses langues i.-e., notamment skr. vati. Il faut poser /*ə2w-ə1-/ἀϝη-/ [aϝē], le /ə2 / initial se retrouvant dans la “prothèse/-/ et dans hitt. ḫuwant- (ancien participe de /*ḫwa-/) ; ἄελλα [áella] “tempête” Hom., reposerait sur /*ə2w-el/ ; αυρα [aúra] “brise” sur /ə2ew-/ suivi d'un suffixe nominal en /r/. » À comparer à bsq. /UFAKA/UFAKO/ “souffle, brise”. Bsq. UFA/BUHA “souffle, souffler”, UFAN/BUHAN (inessif) “soufflant”, BUHAZ/UFAZ (instrumental) et UFA-KA/BUHA-KA (suffixe d'itération) “en soufflant, au moyen du souffle”. Le rapprochement avec hitt. ḫuwant- est facile. De même gr. ἄελλα (aella) répond exactement à BAHOLA qualificatif du vent d'ouest violent (Estérençuby) que Azk. et Lh. ne mentionnent pas. La consonne initiale peut n'être qu'une hypérèse ou prothèse fréquente pour les mots commençant par une voyelle (UZTARRI/BUZTARRI, ULKO/MULKO), mais plus probablement résulte d'une contamination par BA-HE-OLA BAHOLA (non géminé) “van”, composé de /BAHE/ “toile” “crible, van” et de /OLA/ “meule, enceinte circulaire, tente, moulin, etc.”, mais aussi OLA/OLHA “mouvement giratoire” de la racine /*wol e-/*kol e-/ “tourner”. Or “on vanne quand il vente”.
  Bsq. ASE, gr. ἆσαι (ãsai) “saturé, rassasié”, lat. satis “id” seraient des sens secondaires, métaphoriques de “soufflé, gonflé, etc.”
  Voir les mots BAHOLA/vēlābrum, PUZTU, POZ, BUZTAN ποσθιον, πέος (posthion, péos), lat. pēnis (/*pes-n-is/), angl. pufled, to blow. À bsq. ASE “saturé, dégouté”, gr. ἄση (ásē), éol. ἄσᾱ (ásā) “dégout” ; à gr. ἄσεσθε (áseste) moyen ἆ̄σασται (ȧsastai) “rassasié”, bsq. ASESTI “avoir un début de rassasiement, calmer la fringale”. Le mycén. offre asesosi “engraisseront”, Chtr. 1380, de *ἁδ-σ-ησο (ϝad-s-ēso), hitt. hiérogl. hasas “rassasiement”.
  J. L. PERPILLOU, Chtr. 1380 : « les formes grecques présentant un /s/ intervocalique s'expliquent bien par l'hypothèse d'un élargissement /d/ (voir sous ἄδην (ϝadēn) “à satiété”) : sur une base /*sad-/ a pu se constituer un thème sygmatique : /*sad-s/. » M. 596 : « les formes à /t/ : /*sāt-/sat-/ (lat. satis, irl. saith “satiété”, lit. sotus “rassasiant”, v. pruss. sātuinei “tu rassasies”) y sont nombreuses ; satis n'est pas isolé. »
  Le bsq. XAT-EN (pour JATEN) “manger” se dit : « HEMEN GUTIAGO XATEN DUENAK GEIHAGO PAGATZEN DU : ici, qui mange (le) moins paie (le) plus », et l'on a angl.-sax. itan “manger”, lat. edere ou ēsse “manger”, gr. ἔδω (édō), hitt. ed-, arm. utem “manger”, skr. ad-mi, bsq. ZATI “répartir (la nourriture)” Estérençuby ; pour les formes à sifflante /s/: gr. ἔσθιω (ésthiō) “manger”, lit. eska “appétit”, éskus “glouton”, lat. ēsum “pour manger”, esurieus “affamé”, mycén. asesosi, la correspondance du bsq. est HAZI “(s')alimenter, faire croître, (se) développer”, HAZKURRI “aliment, provende” qui recouvre lat. ēsca “nourriture” et escārius : escariæ mensæ vocantur in quibus homines epulantur. (Pline)
  Ainsi satis, edēsse, εδμεναι, εσθιω, ἄσαι (edmenai, esthiō, ásai) JATEN/XATEN, ZATI, δατέομαι (datéomai) “répartir, (se) partager”... se ramènent tous à /ed-/iat-/ “manger” ; la quête et le partage de la nourriture a été la préoccupation perpétuelle de l'espèce.
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