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BIKUN, BIKUTZ et BIKOITZ :
  Bsq. BIK(H)UN “double”, Lh. 161. BIKHUNDUduplicar, doubler” Azk. 166, BIKHUNTZA “réunion de deux éléments”. Cf. BAKUN “simple”, “à un seul”, BAT “un”.
  La base /BI/ “deux” se retrouve, tel qu'en bsq., dans le latin biuguus “attelage , char à deux chevaux” et
« les formes syncopées bīgaæ et quadrīgæ, bigati, etc., » M. 326 ; dans le fr. bigane, binaire dérivés du lat. ; mais le plus souvent le correspondant de ce /BI/ dans les dialectes i.-e. est /*dis/*dwis/, à l'origine de la préposition éol. ζά- (zá-) “très” = gr. διά- (diá) “à travers” ; lat. /dis-/, germanique, angl.-sax. /te-/, v.h.a. /zi-/ze-/ exprimant la séparation, lat. dī-uĩdo “diviser” (MEILLET 734), *-uido non attesté seul, cf. bsq. ERDI-BITU “fendre”, et ombrien vetu “diviser”. Il faut admettre que lat. iungo “atteler” correspond à bsq. BIKHUNDU, dont la labiale initiale s'est amuïe, comme dans d'autres formes du basque lui-même (cf. UZTARR-I “joug” pour *BIUZTARR-I et BUXTARRI en BN et S) ; de même la gutturale sourde /KH/ sourde (aspirée) interne du basque s'est déplacée dans lat. iungo, gr. ζευγ- (zeug-) et aussi en skr. yunákti “il joint, il attelle”, métathèse ? Ou correspond à bsq. BINAKA-TU “aparier”.
  Le grec ζυγόν (zugón) et ζευγνῦμι (zeúgnumi) “atteler” a fait /ζ/ (z) à la place de /i/j/ (BI) ; le /i/ gr. prenant la prononciation consonnantique devant voyelle, surtout en emploi en préverbe (Chtr. 275) ; on a donc ζυγόν, ζεũξις, ζεύξιππος (zugón, zeũxis, zeúxippos), la trace de la nasale demeurant dans la voyelle nasale de ζεũγος (zeũgos) “attelage” ; l'ensemble colle bien à bsq. BIKHUN-.
  Le mycénien zeukesi (datif) “paire” évoque pour sa part bsq. BIKOITZ “paire”, une formation avec /BI/, mais suffixation différente de BIKUN : voir plus haut BIKUN “l'ayant deux”, BIKOITZ “l'étant deux”.
  Les aoristes en /s/ (M. 328) du skr. áyankṣaur “j'attelai”, gr ἔζευξα (ezeuxa), sur lequel est fait le présent ζεύγνῦμι (zeúgnumi) d'où le parfait lat. iunxi, avec réapparition de la nasale, nous guident à déchiffrer l'origine des fameux aoristes sigmatiques si on les confronte aux aoristes du basque actuel à sifflante, des survivances, des fossiles grammaticaux :

/*MAI-/ “donner” donne le substantif EMAITZA “le fait de donner” qui est une forme contractée de
/E-/ (augment) /MAI-/ (donner) IZA (-N) (auxil. être) “l'étant donné”.
/*GO-/ “demeurer, laisser en place”, donne le substantif EGOITZA “le fait de demeurer, séjour, gîte”, dérivé de /E-/ (augment) /GO-/ (rester) IZA-(N) (auxiliaire être) “l'étant resté”.

  De la même manière peut-on sans doute expliquer les formes bsq. BIKOITZ “en double”, BAKOITZ “à un, chacun” ; la sifflante finale étant la trace du verbe être IZ-AN, plus probablement que la désinence d'instrumental /Z/, en face des formes BAKUN et BIK(H)UN.
  Les formes, à nasale les unes, sans nasale d'autres, des dialectes i.-e. s'expliqueraient par la base /BI-/ suffixée en /-K-UN/ (auxiliaire avoir) et en KO-IZ (auxiliaire être) exprimant différentes diathèses du prédicat dénominatif bien lisible dans le basque moderne.
  Le parfait latin iunxi (j'attelai, je joignis, ...) sans infixe nasal dans coniux “époux, épouse”, le gr ζεũξις (zeũxis) “fait d'atteler, de joindre” pourraient être à l'origine de l'énigmatique latin texō, parfait texui, bsq. JOSI “tisser, tramer, entrelacer”. M. 690 : « se dit non seulement de la toile, mais de tout ouvrage dont les matériaux s'entrecroisent ou s'enchevêtrent. » Quant à l'étymologie, Antoine MEILLET, après diverses conjectures [gr. τέκτων (téktōn), v.sl. tesla “hache”, etc...], conclut « il est impossible de rien préciser. »
  Or, lat. texō est « quelquefois synonyme de coniungō » M. 690, dans le composé contexō « entrelacer ensemble » [= gr. συνυφαινω (sunuphainō)].
  Le gr. ζεκ-τήρ (zek-tḗr) “qui unit” et ζευκτήριος (zeuktḗrios) “qui unit” (Æsch), το ζευκτήριον (to zeuktḗrion) “joug” (Æsch., pap.) et bsq. (B)UZTARRI “joug” sont des formes semblablement construites, la deuxième rappelant nettement la base /BI/ /BUZ/ de BIKUZ “paire”. BUZTAR(R-I) par le suffixe /-TAR/ se révèle nom d'agent : “aparieur”, E. Bvn., Noms d'agents, 34, sq. ἀθλητήρ (athlḗtēr) “lutteur”, ἀοσητήρ (aosētḗr) “auxiliātor”, αρπακτήρ (arpaktḗr) “ravisseur”, θηρητήρ (thērētḗr) “chasseur”, κυϐερνητήρ (kubernētḗr) “pilote”, ληιστήρ (lēistḗr) “pirate”, etc.
  Voir (G)AZTIGAR.
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