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BUZTIN “argile”, BUZTIN-LUR “terre argileuse”. Mot composé de /*BUZ/ “?” + /*DIN/ pour /*DUN/ “ayant, pourvu de” de /DU-AN/ = “qui a, qui possède”. Synonyme BOKA/MOKA absent de AZKUE et de LHANDE : “argile lourde” très compacte, sorte de kaolinite jaune bringée de rouge contenant des poupées ferrugineuses (Beyrie-Sur-Joyeuse, Orsanco).
  Il est tentant d'expliquer /BUZ-/S-/ par BUSTI “humide” et d'aller expliquer /BUSTI/ par /*mustidus/, occ. moste “humide”, etc... AGUD & TOVAR 199, qui citent COROMINAS, etc.
  Quelle explication pour /BUZ-/S-/ ? On a P(H)EZOIN/P(H)ESUIN ( /P(H)EZ/ + /OIN/) = “baradeau, levée de terre” d’où “clôture, fortification d’une cité”, P(H)EZE “id.”; P(H)EZASKA “fossé de clôture” ; P(H)EZO “pisé” ; P(H)ETESA “boue” ; HEZE “humide” ; P(H)ESA “boue, fumier” ; PESTERA (?) nom d’un étang-bourbier près du château de LARREA (Ispoure).
 
  L'initiale complexe de gr. χθών (khthṓn) et de skr. kṣā́ḥ “terre” est expliquée (Chtr. 1259) en posant une ancienne occlusive palatale à explosion sifflante /*gzh-/. Cette racine /*gzh-/ se retrouve probablement (/d/ /*gd/) dans l'avestique pairi-daēʐa “enceinte, enclos” de terre, qui a donné l'iranien moyen /*pardēz/ “jardin” et le grec a παράδεισος (parádeisos) “parc clos où se trouvent des animaux sauvages” des rois et des nobles perses. Cf. lat. paradīsus “jardin des Bienheureux, paradis”, bsq. BARATZ “jardin”. Le gr. a τει̂κος (teîkos) “mur, murailles d'une ville, fortifications”, avec un vocalisme /e/, Chtr. 1098 : « il s'agit parfois d'un talus, d'un mur de briques, de pierres ou de bois. » Avec vocalisme /o/ τοι̂χος (toȋxos), Chtr. 1099 : « correspond exactement à skr. deha, masculin, “corps”, avec dehi, féminin, “mur, digue, remblai” ». Cf. germ. got. daigs “argile, pâte”, i.-e. /*dheig'h/, osq. féihúss, accusatif pluriel, “muros” ; tokh. A tseke = “figȗra”, arm. dēz “tas” et véd. dizanem “entasser”.

  On peut aussi émettre l’hypothèse que bsq. BUZTIN “argile” est à l’origine de BUSTI “humide”, et non l’inverse, suivant un mécanisme homologue de dérivation, fréquent. De même que bsq. HEZE “humide” procède sans doute de /*HEZ-/ “terre, sol”, sur le même mode que lat. humidus “humide” de humus “terre”. Bsq. /BUZ-/S-/ recouvrirait gr. πούς (poús) relevant de l’étonnant polymorphisme et, semble-t-il, fort ancien des formes attestées en bsq. et dans les langues i.-e. : bsq. /*HEM-/*HER-/*HEZ-/ (cf. (H)EMOKI crépir”, HERRAUTS “poussière”, HEREX “trace”), /*P(H)EZ-/ (cf. P(H)EZO “pisé”, P(H)EZOIN “baradeau, levée de terre”) recouvrent gr. πέδον (pédon) « ce sur quoi repose le pied, “sol” [...] » Chtr. 867, πούς (poús) « Vieux nom-racine du pied qui se retrouve dans beaucoup de langues i.-e. [...] » Chtr. 933, lat. pēs-, hitt. pedan “emplacement”, ombr. peřum “sol”, skr. padȧ-, avest. paδa, arm. het-, génitif hetoy “trace de pas”, etc.

  Ainsi, à partir d’une même racine englobant les idées de “ terre, sol” et de “pied” on aurait bsq. /HATZ/HUIN/OIN/ “pied”, /*HEZ-/*HER-/*HEM-/*BUZ-/S-/*P(H)EZ-/ “terre”, /HAMU/HABE/HAGA/ “tige”, “poutre” et “perche”, respectivement, qui répondent à gr. πέδον (pédon) “terre” πούς (poús) “pied”.
  Voir TEGI.
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