TEGI “lieu clos et généralement
couvert servant d'habitat aux humains, où l'on abrite le bétail,
où l'on garde quelque chose”. Dans les composés, les
anthroponymes,
etc., réduit souvent à /-DEI/-TEI/ ou même
/-TE(A)/ :
1º |
“lieu clôturé”
: XAHOTEGI “enclos de pièce en lande herbeuse”,
réservé pour pâture séchée sur pied
(ovins castrés, mulets, ânes) et pour soutrage ; OTAEGI/OTHEGI
“enclos de lande d'ajoncs” pour soutrage et paillage hivernal
(SAMATS) des cours de ferme ; patronymes EÑURRATEGI
“fourmilière”, LAKONDEGI, APALATEGI,
AZKONDEGI (Estérençuby, toponymes), URTZATEGI,
etc. |
2º |
“lieu clos et couvert”, habitat
humain (APHEZTEGI, HARGINDEGI, AROTZTEGI,
PETOTEGI, JUANATEGI, etc.), habitat du
bétail (URDANDEGI, OILATEGI, ARTEGI,
BEHITEGI, BEHORTEGI, ZAKURTEGI,
ASTOTEGI, AXURTEGI, etc.), lieu couvert
où l'on garde quelque chose (EGURTEGI, GAZTANTEGI,
LIBURUTEGI, HITZTEGI...). |
Il semble que le terme tend historiquement à se substituer
dans la formation des composés à /-OLA/ “clos”
plus anciennement actif : ANTSOLA, IROLA, UROLA,
OLETA, HELETA, OLAGARAI, OLABERRI,
PHAGOLA, etc.
Correspondances possibles :
1º |
Gr. τεῖχος
(teĩkhos) “mur, muraille d'une ville, fortification”,
simple talus parfois, Chtr. 1098. Skr. deha-,
masculin, “corps” et dehī́́,
féminin, “mur, digue, remblai”, avest. pairi-daēʐa
“enceinte, jardin”, osq. féihúss,
accusatif
pluriel “muros”, thok.
A tseke = “figūra”,
arm. dez “tas”, skr
déhmi “enduire, fixer
par le mortier”, lat. avec infixe
nasal fingo, -ere
“façonner”, gr. θιγγάνω
(thingánō). Voir BUZTIN,
EMOKA-TU.
Racine /*gzh-/
arm. dez, got. daigs,
Chtr. 1099. Bsq. /PEZ-/ “argile, terre”.
|
2º |
gr. τεκτων
(tektōn) “charpentier, constructeur de bateaux”,
mycén. tekotone, “charpentier”,
et datif
pluriel te-ka-ta-si = /tektasi/,
Chtr. 1432 ; skr. tákșan
“charpentier”, avest. tašan
“sculpteur”, de radical /*teks-/. |
Cf. lat. tegō, tēxī, tēctum,
-ere “couvrir, recouvrir, protéger”,
M. 679 : « les alternances vocaliques de tegō,
toga, tēgula suffisent à marquer l'origine i.-e.
du groupe. » Cf. gr. στέγω
(stégō) “je couvre”, irl. tuigither
“il couvre”, v. isl. þekia
“couvrir”, skr. à causatif
sthagayati, avec un /g/
qui ne peut être ancien (M. 679) ; τεγος
(tegos), sans /s/ initial, doublant
στεγος
(stegos) “toit” et στεγη
(stegē) “toit, abri”, à quoi « répond
exactement en celtique sans /s/
initial v. irl. tech “maison”,
all. dach, v.h.a. decchen
“couvrir”, etc. » Chtr. 1046. Voir ETXE.
À partir de lat. texō, texuī,
texere “tisser, tramer, entrelacer”, MEILLET
690, précise « se dit non seulement de la toile, mais de tout
ouvrage dont les matériaux s'entrecroisent ou s'enchevêtrent,
cf. textrinum “chantier de construction”.
Au centre du système se trouve une racine i.-e. qui signifie “travailler
avec la hache”, “construire une charpente, façonner”,
qui a fourni un présent radical athématique
véd. tа̄̀ṣħ
(troisième personne du pluriel táksati),
skr. tákṣan et avest.
tašan “charpentier” et
“travailler à la hache, façonner”, τεκτων
(tektōn) “charpentier”, des dérivés v. sl.
tesla “hache”, v.h.a. dehsala
“hache”, etc. » À comparer à bsq. JOZALE
“frappeur”.
Le rapprochement avec lat. texō
“tresser, entrelacer, tisser” ne serait pas sûr. V. sl.
tesla “hache”, v.h.a.
deshala “id.” pourraient
indiquer l'origine du mot.
P. CHANTRAINE 1100 propose un radical /*teks-/
de l'avest. tašan “sculpteur”,
skr. tákṣan. M. 690 s'interroge
« Y aurait-il eu une racine /*twek-s/
de sens général à quoi se rattacherait texō
? ».
Possible croisement de deux racines. Voir OL(H)A.
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