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GORPITZ/GORPUTZ “corps en général de l'homme, de l'animal, des plantes” ; “corps vivant” est le sens littéral, mais s'emploie aussi pour “cadavre”.

  C'est un composé clair : /GOR/ (cf. l'article GORRI) idée de “peau”, de “chair” +
 
1) /PITZ/ “vif, vivant” (cf. PIZTU “ressusciter, (s)'allumer, venir à la vie, éclore”) ;
2) /PUTZ/ “gonfler, (s)'enfler, être plein de souffle, de souffle de vie” ; cf. les verbes POZTU et PUZTU “être gonflé de joie, d'enthousiasme”, “être fier, se féliciter de” qui dérivent de /BUHA/ “souffle” + instrumental /Z/ + /TU/.

  La “racine” de /PITZ/ est /BIZ-/ “vie”, correspondant à gr. φῦσις (phũsis) “accomplissement (effectué) d'un devenir”, “nature en tant qu'elle est réalisée avec toutes ses propriétés”, dérivé de φύομαι (phúomai) “faire pousser, faire naître, produire”, cf. lat. futuēre “coïre”, gr. φυτος (phutos) “formé par la nature, nature”, cf. bsq. PITO, BEDAR, etc.
  Le bsq. /BIZ/BEZ/ n'est pas réellement une racine, mais un verbe composé à valeur d'injonctif “soit-il” : /BE/ “advenir” + /IZ/ “être”, soit “venir à être”, “exister”, “être voué à exister”.

  La “racine” i.-e. Correspondant à bsq. BUHA-Z (désinence d'instrumental) est /*bhes/ “souffler”, qui élargie donne /*pseu-/psu-/ (Chtr. 1288) pour constituer la base de ψεῦδος (pseũdos) “mensonge”, mais aussi de ψῦχή (psũkhḗ) “souffle, respiration, haleine”, “force vitale, vie”, bref “âme”.
  L'équivalent de bsq. /GOR/ (th. I) se retrouve dans (th. II) χρώς (khrṓs) qui, dans ses divers sens, comprend “peau, chair, corps entier avec les membres”.

  La comparaison donne lat. corpus, -oris “corps” par opposition à l'âme (M. 144), d'où le sens de “corps inanimé, cadavre” [comme gr. σῶμα (sōma) “corps du mort” s'oppose à δέμας (démas) “corps vivant”, “la stature de l'homme vivant” ?], alors que les structures ici proposées pour /GORPITZ/GORPUTZ/ expriment la notion de corps animé, dans le sens fondamental de lat. animus et gr. ἄνεμος (ánemos) et ψυχή (psukhḗ) soit “pourvu de souffle” pour GORPUTZ, et “pourvu de vie, d'existence” pour GORPITZ. Mais, peut-être sous l'influence du latin, le basque entend aussi “cadavre” pour ce terme. Toutefois, le mot spécifique pour le corps inanimé, le mort, survit en dialecte souletin : ZURRUN-BIDE “chemin emprunté par le cortège funêbre et la dépouille du défunt”. ZURRUN forme verbale, participe d'un verbe “fossile” qui a laissé des traces dans les substantifs ZURRUSTA, ZURRU “grande cuve où l'on versait de l'eau abondamment pour rincer la lessive”, soit idée de “couler”, “courant”, etc., cf. skr. srávati “couler” et skr. sruti “chemin, rue”, Chtr. 971. Le sens de “cadavre” pour ZURRUN est donc d'origine métonymique. Peut-être faisait-on glisser le corps en traineau, comme chez d'autres populations de montagne (Caucase) ou avant l'usage de la roue ?...
  A. MEILLET explore, pour lat. corpus, skr. kr̥pā (instrumental) “forme, beauté”, avest. kərəfš, kəhrpam “forme, corps”, le v. pruss. kērmens “corps”, v. sl. črěvo “corps, ventre”, gr. πραπις (prapis) “diaphragme, esprit, intelligence”, v. angl. hrif “ventre”, et conclut « en somme groupe obscur . »
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