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HEZUR : 1º “os” ; 2º “ossement” ; 3º “arête de poisson” ; 4º “noyau de fruit”.
  Certainement un composé ou racine élargie ou suffixée du nom-racine /*HEZ-/*EZ-/ (dérivant de /*(H)ATZ/ “extrémité, pied”) + /*UR/ “tube” non attesté à l’état isolé mais en composition : XÜL-ÜL/ZUR-UL “tube d’os, tube de bois”, soit “sifflet, flûte, chalumeau”, peut-être SUD-UR “nez” et ZINTZ-UR “gosier”, UR-ZINTZ “éternuement” ??. On a trouvé dans les grottes archéologiques d’Isturitz, notamment, des flûtes faites d’os longs d’oiseaux. Or bsq. HEZ-UR “os” procéderait du syntagmetube ou flûte de la jambe”, soit “tibia”. Ainsi aurait-on l’origine de lat. os, génitif ossis « qu’il est difficile de tirer de *ost-. Ce cas mis à part [bsq. OST-IKO, génitif de provenance, “coup de pied, ruade”], on doit poser *ost- [bsq. (H)ATZ, skr. pats “pied”] pour rendre compte de avest. ast-, génitif ast-ō, génitif pluriel astam [bsq. HATZ-EN], accusatif singulier as-ča, hitt. ḫaštai, gr. ὀστέον (ostéon) de *ὄστειον (ósteion), vénète ostiakon “ossuarium”. « Arm. oskr “os” repose, comme il semble sur /*ostwer/ [...] » M. 470. C’est bien près du composé bsq. HEZUR. Enfin lat. tibia : 1º “flûte” ; 2º “os de la jambe” et d’après MEILLET, 691, n’a pas d’étymologie, pas plus que gr. αὐλός (aulós). Ce n’est qu’à l’époque impériale qu’est apparue pour tibia l’acception “os de la jambe, jambe”.

  Analyse prolongée par E. BENVÉNISTE Origines, 6, 7 : « skr. ásthi, génitif asthnȧh, neutre, “os” est un élargissement en /*i/n/ du thème /*ast-/ établi en avestique par asča [...], skr. asthanvant “pourvu d'os” ; hitt. ḫaštai “os, force de résistance” ; gr. ὀστέον (ostéion), *οστέyον (ostéon), dor. ὀστιον (ostion) [...]. Lat. oss repose sur /*osth-s/ [...] l'arm. oskr remonte sans doute à /*ostwer/ où l'on peut voir soit un élément /*-er/ allongeant un thème en /w/, soit une formation en /*wer/. » Nous pensons à HEZUR, ZURUL...
  E. BENVÉNISTE, Origines, 110 à 119, traite des formations i.-e. suffixées /*wer/n/ et /-mer/n/ et donne de nombreux exemples qui ne sont pas sans évoquer des formations analogues du bsq. : εἶδαρ, -ατος (eĩdar, -atos) “nourriture” de ἔδω (edō) “manger” racine /*ed-/ de /*ed-wr̥/ et cf. bsq. JAN/DJIAN “manger” JANARI “nourriture” ; skr. vy-ad-vará “dévorant” et cf. bsq. BAD/RUR “à jeun, affamé” de /*(H)OR-/*BOR-/BAR-/ “dévorer”, cf. OR-GI “pain”, Codex Calixtinus. Les formes bsq. BAD/RUR “jeûne”, JANARI “nourriture”, EDARI “boisson”, ERNARIgravide”, etc., semblent des survivances d'un procédé de dérivation très anciennes mais analogues aux formations modernes plus lourdes : moderne BARRURATZEAR “à avaler”, JATEAR “à manger”, EDATEAR “à boire”, ERDITZEAR “à mettre bas”.

  On concluera pour HEZUR en citant A. MEILLET 470 : « il ne reste donc d'autre hypothèse que de partir d'un ancien /*oss-/ et admettre que /t/ ou /th/ ne sont pas des éléments essentiels du nom de l'os . » Mais on peut éclairer le sens premier de /*HEZ-/ /*oss-/ : HEZ-UR littéralement “tube de HEZ-“ par bsq. (H)ATZ “pied”, skr. pats-, lat. pēs, gr. πούς (poús) “pied”, et le /t/ inexpliqué de MEILLET comme phonème inorganique de liaison de la syntaxe de l'euskera (cf. OS-T-I-KO “ruade, coup de pied”, vénète ossuarium “ossuaire” ; cf. lat. tibia : 1º) “flûte”, 2º) “os de la jambe”, 3º) “jambe”. Aussi serait-il dommage de se priver de l'euskera pour l'étude de l'i.-e. Une approche similaire a réussi, croyons-nous, pour gr. νεῦρον (neũron), lat. neruus et bsq. ZAIN “tendon, nerf”. Voir (H)ATZ, ZAIN (2).
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