GAN/JOAN/JUAN et JIN/GIN
: Synthèse
En i.-e. et en euskara, les conceptes d'aller,
venir, naître,
engendrer, devenir
s'entrecroisent pour les formes et les sens, et E. BENVÉNISTE
en propose au moins 3 formes d'une "même racines".
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L'euskara moderne a GAN/JOAN/IOAN
"aller" qui semble correspondre formellement au gr. βαίνω
[bainō] “marcher, se mettre en mouvement” «
reposant sur *βαίν-yω
» Chtr. 158, de la racine /*gwem-/gwm̥-/
ou /gweə2-/gwə2-/.
» E. Bvn., Origines, 156 ; véd. aoriste
ágaman, parfait jagā́ma,
lit. gemu̇ “naître”,
thèmes
en /e/. « On tente généralement
de tirer phonétiquement des formes en /n/
du thème en /m/, cf. Schwyser,
Gr. Gr. 1, 309. À βάσκω
répond skr. gácchati “il
vient” » Chtr. 158. Cf participe bsq. GAKI/JOAKI
à sens de présent et de parfait à la fois : GAKI
da = suivant contexte 1) "il marche, il s'en va" ou 2) "il
s'en est allé". Cf. ERAMAKI "emporté"
et "emportant", EUKI, etc. |
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L'euskara moderne a JIN, GIN
"venir, naître" qui doit correspondre à lat.
uēniō “venir”,
dont « le /u/ initial repose
ici sur un ancien /gw/
: osq. cúm-benet “conuenīt”,
ombr. benust “uēnerit”.
Le gr. a au présent seulement, avec le même suffixe,
βαίνω
[bainō], synonyme de uēniō.
Ailleurs les formes sont en /m/
: got. qiman, v. angl. cuman,
tokh. A kakmu, B kekamu
“venu”, lit. gemū, gim̄ti
“naître” (venir au monde) [...] ; le rôle
de /*-em-/ ne semble pas être
ici le même que dans premō
“presser”. L'arm. ekn
“il est venu”, véd. ágan
est ambigü puisque /n/ peut
représenter ici un ancien /m/
devant /t/ : /*e-gwem-t/
ou /*e-gwen-t/ . Il
y a une autre forme /*gwā-/,
dans véd. á-gāt,
gr. ἔϐᾱ [ebā],
arm. e-kayk ̔ “venez”
[...] Chacune des trois formes /*gwen-/,
/gwem-/, /*gwa-/dont
la répartition initiale ne saurait être déterminée
fournissaient un aoriste radical ; véd. ágan
= arm. ekn, véd. agāt
= gr. (dor.) ἔϐᾱ
[ebā]. Le présent est partout secondaire » Meillet
720. |
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AGITU "acontecer, advenir"
Azk. I, 13 ï AGI-TU,
semble de cette même racine /*gwā-/
de véd. ágan, agāt,
gr. ἔϐα
qui confirment la qualité d'augment
du /A/ initial de bsq. AGITU et
(S) AGITÜ "survenir, arriver" Lh.
10. |
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*SEN-/*ZEN-/*GEN-
"naître" non attesté en forme simple, présent
dans les composés : SENIDE "hermano
de cualquier sexo, membre de la même phraterie", SENIKIDE
"pariente, parent", SENIKERA "parentesco,
parenté" et "famille", SENITARTE
"id", SENTIA "naissance" dans
EGUN-SENTIA "aurore". Cf. lat. senex
"vieux" ï « mot-racine
*sen- ... gaul. seno-,
irl. sen, gall. hen,
gr. ἕνος
[ϝnos], lit. sēnas,
arm. hin (bsq. JIN),
véd. sȧnaḥ,
av. han̄o [...], hitt.
zana s'emploie comme seneō,
senescō pour désigner le déclin, le
décroit (de la lune, de l'hiver, etc) ; le sens de "vieux"
et vieillir serait une spécialisation secondaire. » Meillet
613 qui se réfère à Bnv. BSL 50 (1954) p. 33.
Cf. lat. genus, gr. γἐνος,
etc. Les formes basques semblent indiquer une base JIN/GIN,
cf. ci-dessus, et la prononciation XIN "venir"
(BN, R) Azk. II 249. |
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SENHAR "mari" de lat. senior
? ou plutôt SEN-NAR skr. nar
"homme"/bsq. NOR
"homme" (voir ce mot), ἀνηρ,
véd. sūnára
"possédant une bonne force". |
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