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/MAI-/MAN/ radical de EMAN “(se) donner”, “(se) placer”. Le /E/ de EMAN est “facultatif” chez les anciens (BN), cf. (E)ZAGUN, (E)KUSI, (E)XURI, etc. Exemple « AMA MAI-OZU TITIA : mère allaite-le » (Chanson populaire, Mikel LABOA).
  EMAITZA “don, rendement, productivité, legs, redevance”. Le mot conserve toujours le /e/ initial et pourrait être un substantif verbal fait sur un aoriste *E-MAI-T-IZAN. La nasale tombe dans (E)MAITEN gérondif ; MAI-LEGU “prêt à intérêt”, composé de /*MAI-/ “don” + /LEGU ( LAGA = gr. λείπω (leípō) “abandonner, laisser”). Le sens ancien a pu être “échanger”, “don réciproque”.
  Étymologie possible en partant de /BI/ “deux” qui semble avoir donné des formes fléchies (AIHEN “cep, clématite, vigne”, OIHAN “bois, buisson, broussaille”, à consonne intiale amuïe, et MAINA “grâce”, MAIMEN “osier”, BIHUR “tordre, plier”, BIGUN “maléable” avec consonne initiale).

  Correspondances possibles : racine i.-e./*mei-/ “changer, échanger”, MEILLET, 422 « attestée par lette mij̄ ū, mīt “échanger”, skr. ni-mayate “il échange”, l’i.-e. a eu des dérivés en /n/ qui sont largement représentés ; ces mots ont servi à désigner des échanges réglés par l’usage, et plusieurs ont une valeur juridique. Cf. lat. mūnia “fonctions officielles d’un magistrat”, v. irl. móin “objet précieux” (dag-moini “dons, bienfaits”) [...] ». Cf. lat. mūtare “changer, échanger” ; skr. mithȧ “en alternance avec” ; v. sl. mĭstĭ “compensation (d’un attentat), vengeance”, gr. μισθός (misthós) “salaire”, skr. mīḥdȧ “prix d’un combat”, avest. miʐ̊da “prix, récompense” ; skr. mithunȧḥ “paire”, bsq. BIKUN “paire, double”, BIKOITZ “paire, double” ; avest. miθwarən “paire” ; v. sl. mitusĭ “alternativement”, lette miêtus “échange” ; skr. maithunam “accouplement”.

  On a aussi sur racine /*nem-/*nom-/ : gr. νέμω (némō) “attribuer, répartir selon l’usage” νέμος (némos) “bois (communal ?)” et lat. nemus “bois (sacré)” ; gr. νομάς, -άδος (nomás, -ádos) “bergers, nomades”, νόμος (nómos) “ce qui est conforme à la règle, l’usage, les lois générales”, νέμεσις (némesis) “attribution par autorité légale”, cf. Chtr. 744 « racine /*nem-/ dans νέμω [némō], avec l’alternance /*nom-/ dans νόμος [nómos] ». Cf. got. niman, all. nehmen : « Niman signifie “prendre” au sens de “recevoir légalement” » Bvn. Institutions, I, 81-85. Avest. nəmah- “prêt” bsq. MAI-LEGU “prêt”.
  Les deux racines /*mei-/ et /*nem-/*nom-/ correspondent-elles à une même forme ancienne ?

  On trouve en hitt. p-ai “donner”, en thok. B ai- “donner”, Chtr. 36 : « et, d'autre part, avec le même type à infixe nasal et suffixe /u/ que le gr. αἴνυμαι (aínumai) “prendre, saisir”, skr. inóti . » L'alternance des formes à infixe nasal et sans infixe nasal fait l'objet d'une étude minutieuse par E. Bvn., Origines, 161 et sq. : « Le hittite s'accorde avec l'indo-iranien pour garantir le mode d'infixation qui a été de rigueur en indo-européen, et qui s'appliquait en principe aux seules racines à sonnante finale. Comme il arrive souvent, le procédé a débordé ses limites et est employé parfois dans les racines à finales consonantiques. »
Ainsi les altenances du bsq. de type :
  JAN JATEN, JAKI, etc. “manger”
  IZAN IZAITEN “être”
  JUAN JUAITEN, GATEN, etc. “s'en aller”
  UKAN UKAITEN “avoir”
  JIN JITEN, JITE venir”
  ETEN ETEITEN “couper”
  EGIN EGITEN “faire”
  IRTEN IRTETEN “sortir”
  IRUN IRUTEN, IRULE, etc. “tisser”, etc.
... relèveraient de ce mécanisme, soit une classe entière de verbes.

  Des suffixes en /-mna/, /-meno/, /-mina/, /-mnus/..., dans les langues i.-e. à valeur fréquente de “donner, placer, être en situation de” sont peut-être à interpréter à la lumière de notre (E)MAN, (E)MAI qui, en emploi d'auxiliaire, forme des passifs sur des radicaux de verbes, comme les verbes être et faire. Le parallèlisme de formation des participes moyens et passifs du grec est à noter.
  Cf. CHANTRAINE, Formation XVII, 214-220 : « Le suffixe i.-e. /-meno/ a fourni en grec comme en indo-iranien un participe moyen : gr. λειπόμενος (leipómenos), ἱστάμενος (ϝistámenos), etc. [...] le suffixe a en outre fourni en grec un certain nombre de formations indépendantes. Au cours de l'histoire de la langue des participes sont devenus des adjectifs ou des substantifs. D'abord des cas particulièrement clairs : δεξαμενη (dexamenē) de δέχομαι (dékhomai) “citerne” (Hérodote), “matière qui reçoit [prend] une forme” ; εἱμαρμένη (ϝeimarménē) “destinée” de εἵμαρμαι (ϝeímarmai), etc. »
  Enfin, quelques mots sont obscurs : ἄσμενος (ásmenos) “joyeux” (Hom.) ; εἱαμενή (ϝeiamenḗ) “prairie humide” (Hom.) [cf. bsq. IHI “jonc”, IHINTZ “rosée” (?)], -λίμνη (limnē) “eau dormante, lac” (Hom.), cf. toponyme Leman (?) [et bsq. LAMIA/LAMINA “êtres féminins mythiques hantant sources et cours d'eau”], -ὕμνος (ϝ/húmnos) “chant” (Hom.) »

  Le lat. a alumnus “nourrisson” du verbe alo, -ere “nourrir”, bsq. ALA- “paître” ; lat. almus “nourricier”, bsq. ALA-(E)MAN “faire paître”, litt. “donner à paître”, AMULTSU “bienfaisant”. Lat. fēmina “femelle, femme” = “qui donne à téter, qui allaite”, homologue de gr. θῆλυ(ς) (thēlus), skr. dhā-, gr. θῆ (σθαι) [thē(sthai)] “allaiter”, θηλαμών (thēlamṓn) “nourrice”, bsq. TITI-(E)MAN “allaiter” *dhētmena fēmina, etc. Enfin, gr. νέμον (némon) “attribuer”, pour en tirer MAN/EMAN il faut supposer une métathèse.
Voir MAITE, MOTTO.
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