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MINBER(A) le mot est un composé de /MIN/ “douleur” et /BERA/ “porter”. Les significations en sont :

  1º “douloureux, endolori”.
  2º “qui fait souffrir”.
  3º “délicat, frêle” (personne).
  4º “chatouilleux” (bétail).
  5º “vétilleux, susceptible”.
  6º “sensible”.

  /BERA/ a un sens très général et perçu comme un simple suffixe : HOTZPERA “frileux”, SUSPERA “qui s'enflamme”, IZERPERA “qui transpire facilement”. Verbe EROAN ? de /*ERA/, factitif, + /IOAN/ et IRUAN de /IR(A)/ + /(J)OAN/ “faire aller = porter”, correspondant à lat. fero, ferre “porter” frūgi-fer, igni-fer, signi-fer, luci-fer ; gr. φέρω (phérō) “porter” θεο-φορος (théophoros) “qui porte un dieu”, mycén. karawiporo “porteuse de clé”, etc. Lat. ferax “terre grasse, fertile” et bsq. BERATZ “trop sensible, fragile” dit de bétail qui s'alimente en pâturages trop riches, humides et trop gras excerbant l'infestation parasitaire.
Le sens général de 1º et 2º de MINBERA “qui fait souffrir, qui fait sentir une douleur, qui rappelle un foyer de souffrance, un souvenir sensible...” a eu une fortune importante que le bsq. moderne n'a plus, mais qui s'est développée dans les autres langues indo-européennes :

  La voie la plus immédiate est fournie par v. fr. remembrar, puis remembrer, angl. to re-member “se rappeler, se souvenir” qui, au préfixe près, restitue une forme identique à celle du bsq., certes empruntée probablement à une forme lat. memor : 1º “qui se souvient”, 2º “qui fait se souvenir”, et à tous ses dérivés : memoria “mémoire”, “souvenir” sens abstrait et concret, M. 396, memorō “remettre en mémoire, rappeler”, skr. smárati “il se souvient”, avest. mimara “memor” ; gr. avec redoublement intensif μέρμερα (mérmera) “souci” et μέριμνα (mérimna) “souci”. On voit avec gr. une dissimilation au redoublement /mer/men/, mais le souvenir aussi de la forme originelle (?) /-μνα/-mna/ pour MINA... On peut noter que le /a/ final, qui semble bien être un article défini postposé -au cas bsq. actuel-, et douter de la théorie en cours voyant une apparition récente de l'article défini en bsq., d'autant que l'exemple de /-mna/ n'est pas isolé.

  Quant à l'étymologie de lat. memor, M. 396 : « Memor serait un mot expressif dont la valeur serait atténuée et que l'homonymie aurait rapproché de meminī. [...] Un rapprochement de la racine de Morta
[« une des Parques, celle de la mort »] et de mereō [“gagner, se faire payer”] n'est pas exclu. Cf. peut-être aussi mōra [“retard”] ? »

  Évidemment, nous pensons à MINBER(A) dont les éléments n'ont pas d'exclusivité bsq. et que l'on retrouve ailleurs dans les dialectes i.-e.
  Lat. meminī, -istī, -isse, verbe à auxiliaire être, soudé, comme les formes passives, mais avec racine /es/esse/ et non /-r/-are/ “avoir présent à l'esprit, se souvenir”, “faire mention de”.
Construit avec le génitif (rarement avec l'accusatif) ou avec la proposition infinitive, M. 395. Soit donc “je suis ayant mal de”, “j'éprouve le souvenir de”. Cf. HIK ESKOLA UZTIAREN MINA DIAT “j'ai mal (du souvenir) de ton abandon des études” (une mère à son fils lui rappelant son chagrin).
  Gr. μιμνήσκω, -ομαι (mimnḗskō, -omai). Le thème le plus important en est le parfait exprimant l'état présent μέμνημαι (mémnēmai), Chtr. 702. Au moyen “avoir en tête, penser à, se souvenir, mentionner”, l'actif “faire se souvenir, faire penser à”. Le suffixe /-σκω/ (-skō) indiquant le terme du procès en vue, fait que le verbe prend des préverbes pour préciser les contextes et les sens particuliers.

  Le présent μνάομαι (mnáomai), du même groupe, “avoir en tête, songer à” ; le vrai sens en est “être en mal de, souffrir d'être frustré de” = MINETAN NAIZ ou MINEAN NAIZ (Hom. μνώοντο (mnṓonto) “étant souffrant de, pensant à”). Le gr. μνήστωρ (mnḗstōr) “qui se souvient” correspond á bsq. MINDURI(A) “pleureuse, barde chantant la vie du défunt”. Chtr. 703 : « dérivés divers [...] s'appliquant à des monuments funéraires (μνήμων- (mnēmōn) “monument” = “souvenir”) : μνημάτιον, μνημάδιον, μνημάφιον [mnēmátion, mnēmádion, mnēmáphion] ; enfin μνηματίτης λογος (mnēmatítēs logos) “oraison funèbre” (tardif), on observe l'importance de μνῆμα [mnēma] et de certains dérivés dans le vocabulaire funéraire. »

  D'autres parallélismes : μναομαι (mnaomai), μνωμαι (mnōmai), μνωομενος (mnōomenos) chez Hom. “avoir en tête, songer à, rechercher une femme en mariage” (Od. 6, 34; 14, 91, etc.), Chtr. « il s'agit là d'une acception spécialisée du mot, cf. lat. mentionem facere... », sens subsistant ensuite pour “solliciter, rechercher”, cf. Hdt., etc.

Bsq. « EZKON-MINA DUTENAK AGERI DIRARE... »
“Ceux qui pensent (ceux qui souffrent de, ont le mal de mariage) à mariage sont reconnaissables...”
Cf. fr. « Maladie d'amour, maladie de la jeunesse »

  Cf. gr. μιμνήσκω (mimnḗskō) : ce suffixe /-σκω/ (-skō) peut se comparer aux formes de bsq. actuel, cf. MINEZKA, GALDEZKA, ESKUZKA... “par (coups) douloureux”, “par questionnements”, “par le moyen des mains = à la main (travail, pêche, etc.)” : /-Z/ est désinence d'instrumental et /-KA/ suffixe d'efforts répétés et de but. En y ajoutant un “thème” verbal /O/ (auxiliaire avoir ? ou /–ημι/ειμι/-ομαι/ (-ēmi, -eimi, -omai) pour les moyens-passifs (= déponents de bsq. et lat.) on en fait des verbes de diathèses souhaitées en grec.

  Étymologie du groupe, CHANTRAINE, 703 : « Radical /*mnā/, qui appartient à l'importante racine /*men/ de μεμονα (memona), lat. meminī, etc., mais qui se trouve peu attesté hors du grec [...] aoriste skr. amnāsiṣuḥ “ils ont mentionné”, qui répond bien à ἔμνησα [émnēsa] [qui répond bien à bsq. MIN-IZAN aoriste aussi], mnāta “mentionné” [...] μνη̑στός, μνηστήρ [mnēstos, mnēstēr] et μνήστωρ, μνῆστις [mnḗstōr, mnḗstis] et μνηστύς [mnēstús], etc., présentent un sigma non étymolgique » !!! Mais ensuite, l'auteur semble adopter l'hypothèse qui ferait remonter très haut la sifflante et se réfère à F. BADER, Rev. Phil. 1968 « Il est plausible de partir de μναομαι, μέμνημαι [mnaomai, mémnēmai], puis l'aoriste factitif ἔ·μνησα [é·mnēsa] [MIN-IZAN et MIMI-NAIZ enfantin] d'où sont issus les formes à sigma ; le présent μιμνήσκω, -ομαι [mimnēskō, -omai] serait secondaire (rare chez Homère), mais le suffixe /-σκω/ [-skō] présente le sens attendu de la réalisation du procès par des efforts répétés, cf. DEBRUNNER, Mélanges, BOISACQ 1,261, cf. lat. comminiscor [...]. »
  Racine /*mneə2 /, thème II, et MIN(A), thème I ? Voir MIN/MEN(A).

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