ZERRI/TXERRI “porc, cochon”, en
mauvaise part, qualificatif dépréciatif : “espèce
de salaud” comme fr. “ce cochon là”.
XERRI “porcelet” en Amikuze et Soule.
Les deux termes évoquent SARROI, SAGARROI, SAGAR-HERROI,
SARROBI “hérisson”, mot composé comportant
en deuxième terme /(H)ERRO/ ou /GARROI/GERROI/.
Voir SAGARROI.
HERROI |
“hérissé” ? GHOR/GOGHOR
“dur, âpre”, /*KAR-/HARRI/ “pierre”
; |
HARRI- |
aussi sens général de peur (Lh. 416) ; HARRIDURA
“peur, frayeur” Lh. 416) ; |
HARRI-TU |
au moyen “s'effrayer”, à l'actif
ou avec causatif
“faire peur, terrifier, épouvanter”. |
Correspondances hypothétiques : lat. horreō,
-uī, -ēre “se dresser” en parlant des
poils du corps, “être hérissé, frissonner (d'effroi)”,
“avoir horreur”, cf. hordeum
“orge” barbes d'épis ? Bsq. KHARLO “bogue”,
“chardon” ; KARLOTS “bardane”, synonyme
LAPATIN ; KHARBOTS, KHARMUTS “bogue”, “cheveux
hérissés”, “épis de cheveux dressés”
; KARBASTA “balai grossier” pour ramasser les feuilles,
“balai de sorcière” maladie virale de certaines espèces
d'arbres provoquant l'émission de pousses dures courtes et groupées.
Bsq. K(H)ARE/KARE “pierre calcaire”
; K(H)ARBE “grotte, antre” ; /ZAL-/ÇAL-/
dans des toponymes
: Estérençuby ZALBETE
ZALBE-ATHE ; CILBETI ? village au sud de ERRO (HN).
ZALBETE surplombe une grotte BASA-JAUN- HARPE.
La racine est /*KHAR-/ qui n'est plus utilisée que
dans des composés et signifie “pierre” ; KHARROU/KHARROIN
“glace, eau cristallisée par le gel”. Elle se trouve
à la base d'une vaste famille.
On peut supposer que bsq. GHOR “dur”, EL-KHOR
“dur d'oreille”, ENTZUN-GHOR “à qui on
ne peut faire entendre raison”, etc., répondent à
cette racine. L'étymologie populaire traduit HARRI-TU “(s')épouvanter”
par fr. “pétrifier”.
Le grec appuie dans cette direction pour comprendre la formation
de ZERRI, SARROI, SAGAR-HERROI : gr. χοι̑ρος
(khoȋros) “porcelet” offert en sacrifice, “porc”
en général, terme usuel remplaçant ὗς
(ϝ/hūs, ϝ/huus)
dès le début de notre ère. Chtr. 1267 retient une
analyse de FRISK : « Poser /*ghor-ya/
permet plusieurs rapprochements, notamment de noms d'animaux à
poil dur et hérissé (cf. χήρ
[ khḗr] “hérisson”) », et fait finalement
remonter à la racine de lat. horreō,
skr. hṙ̥syati, hárs̥ate.
Mais MEILLET 300 précise : « pas d'étymologie
sûre » pour horreō.
Le grec donne encore κρύος
(krúos) “froid qui glace, qui fait frissonner”, κρύσταλλος
(krústallos) “glace”. Le grec moderne dit κρύον
(krúon) “froid” : des thèmes
II réduits ; bsq. KARROIN thème I plein, semble
la forme archaïque, formation analogue de gr. κάρηνα
(kárēna) de la même racine (cf. κάρᾱ
(kárā) “tête” et χέραδος
(khérados) “gravier”, malgré l'aspirée
homérique).
Pour frissonner on peut rapprocher v. norr. hriósa
(radical verbal *qreus) prétérit
hraus “frissonner”. Bsq.
HOTZ “froid” ? Pour le premier terme de gr. κρύσ-(ταλλος)-
parallèle du bsq. GATZ
*GARTZ
“cristal de sel” et GATZ-HARRI moderne = quartz
(all.) ou “cristal de roche”. Voir ce mot.
TURRIN “cri pour appeler les porcs”, TURRINA
appellation enfantine “porc” ; gr. moderne χοιρινό
(khoirinó) “viande de porc”, l'animal étant
désigné γουρουνι
(gourouni).
Les formes gr. χοιρινό
(khoirinó) et γουρουνι
(gourouni) suggèrent une autre étymologie possible pour
le cochon. Des noms d'animaux procèdent souvent du nom de leur
cri : bsq. XAING-A “jappement” [cf. XARING(A)
“glapissement”, XARANGA(A) “dulzaina, cornemuse”]
et qui est probablement à l'origine de lat. canēs,
gr. κύων (kúōn),
véd. ç(u)ã (de
/*swa/ M.92)
avest. spā “chien”
; bsq. UHUR-I/HURUBI “hurlement de chien et du loup,
hululement du hibou”, d'où UHUR-KA/UHUL-KA,
avec le suffixe /-KA/ d'itération, “en hurlant”
et UHUK-KA-RI, avec /-RI/-LE/ d'agent, “hululeur,
hurleur”, formes qui ont donné :
1º OGAR(A) “rut des canidés, des félins,
etc.” parce qu'à la période des amours de ces animaux
on les entend hurler à longueur de nuit : cf. OTSAIL(A)
“lune des loups = février”
/OTSO/ + /IL/ “mois”, soit “lune des loups”
= “février” ;
2º OGAL-KA “comportement des animaux en rut,
fièvre des amours”, “en rut” ;
3º UGAL-DU/-TZEN “(se)
reproduire, (se) multiplier” ; UGAL-KOR “fécond”,
“prolifique” ;
4º UGAL-KARI “animaux en période de rut”,
“en rut”, “coureur de guilledoux”, dit de femmes
“débauchées”.
C'est ainsi qu'on en arrive à v. isl. ylgr
“louve” qui semble une contraction de UGALKARI. UHUGALKARI.
Voir OTSO.
Pour le nom du cochon : quand les porcs à l'état
libre sont surpris, ils poussent un youfs ! suivi de longs
sifflements sourds, de claquements de mâchoire de la cheftaine de
la harde (la truie la plus âgée), etc... Si bien que les
enfants jouant à la chasse (jeu préféré de
l'école de hameau de l'auteur de ces lignes) poussent des youff-youff
! simulant le sanglier levé par les chiens... Cf. arabe alouf,
bsq. HUU!/HUE! : cri pour chasser les porcs maraudant dans
les maïs, etc., avest. hūs,
pers. xūk, skr. sū-karaḥ
(litt. “qui fait suu”), gr. συ̑ς
(sūs, suus) ὗς (ϝ/hūs,
ϝ/huus), lat. sūs
= suus “porc”, bsq. EHAUTZ
“verrat” et ZINGAR/ZINKHAR “qui fait ZINK
= cri” en homologie avec skr. sū-karaḥ.
Enfin un cri caratèristique du porc, un hurlement aigü
et strident de détresse se dit KURRINK(A) ; cf. KARRANK
s.v.
/KUR/ “cri” + /ING-/ANG-/ “étroit
et long” (cf. gr. ἄγχω
(ánkhō), lat. ango, -ere “serrer,
étreindre”, angustus
“étroit, resserré”). Il n'est pas exclu que
l'appel aux cochons bsq. TURRIN ne soit pas autre chose qu'une
déformation enfantine de KURRIN(KA) et de là TTURRINA
(palatalisée),
TURRINA χοιρινό
khoirinó), γουρουνι
(gourouni) “cochon”.
Les formes XARANGAZ, KARRANKAZ, XARINGAZ ont pu par contraction
caractèristique des dialectes i.-e. produire ces finales inexpliquées
en grec pour les instruments de musique , /-ιγχ/
(-inkhs) : σαλπιγχ
salpinkhs) “trompette”, συριγχ
(surinkhs) “flûte de Pan”, φορμιγχ
(phorminkhs) “lyre”.
Les formes grecques σαλ-
(sal-) et συρ- (sur-)
évoquent bsq. KAR-/ZAR-/KUR- à polymorphisme
vocalique.
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