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GARAIN-DU, GARAITI-TU, GARA-TU “ajouter, mélanger” /GARA-/ “crâne, hauteur, altitude” ; le /i/ est désinence de locatif, le /n/ est désinence inessif (phénomène de surdéclinaison), /θ/ (th) ou /–TU/ (/-DU/ après nasale) est le suffixe de thématisation verbale ; « il exprime l'ètat, spécialement l'état achevé . » E. Bvn. Origines, ch. XI valeur de l'affixe /*-dh-/, 189. Cf. gr. κάρᾶ (kárā) “tête” et “pic” ; nombreux dérivés κάρηνα (kárēna) “carène”, κάρᾶνος (kárānos) “chef”, καραδοκέω (karadokéō) “attendre le terme de”, etc.

  Pour le bsq. également, nombreux dérivés : GARKOLA (GAR-KO-OLA) “creux de la nuque”, GARONDO “nuque”, GANGAR “crête des volatiles”, mot à redoublement avec dissimilation du premier terme ; GARAITI “par dessus, le surplus”, GARAITU “vaincre”, GARAUN “cervelle”, GARAIEN/GEHIEN “aîné, supérieur” à rapprocher de gr. κρείων (kreíōn) “maître, souverain” pour qualifier surtout Agamemnon dont il est dit Εὐρύ-κρείων (eurú-kreíōn) “dont la puissance s'étend au loin” [bsq. URRUN/URRUTI], et... Noter l'analogie des affixes de superlatif. Γήρειον (gḗreion) “tête de chardon” ; γηραιός (gēraiós) “vieux”, c'est-à-dire “ancien, aîné” ; fr. gérontologie. Le /ω/ (ō = oo) de γέρων (gérōn) pose problème aux linguistes qui n'utilisent pas le basque (non i.-e.) dans leur matériel de recherche, ne pouvant supposer une provenance /*-AIEN/ pour gr. -ων (ōn).

  Pour GARAIN-DU “ajouter”, le correspondant grec semble bien être κεράννυμι (keránnumi) “mélanger sous un certain équilibre”, ce verbe est utilisé dans le sens de “ajouter” (Nouveau Testament) : « κεράσατε ... » (kerásate), (Vulgate) : « miscete ... », soit “ajoutez” [dix de plus à celui qui a doublé les talents], skr. srīṇāti “mélanger” et sirạh “tête”, avec /n/ comme thème aux cas obliques.
Il semblerait que /ν/ (n), “l'infixe nasal”, est la trace de ce qui en bsq. est la désinence d'inessif : GARAIN κεράν- (kerán-).

  Dans le même champ sémantique, d'autres parallélismes peuvent être soulignés, simplement possibles : gr. μειγ- (meig-), μισγω (misgō), lat. miscēre, lit. maišaũ, maišẏti ont la même racine /*meik-/, qui donne des présents en /-ske/o-/ : germ. v.h.a. miscan, irl. mesc “mêler”, lat. misceō [bsq. NAHAS-, NAHASKA “mêler”]. /*Meik-/? magis ? fr. “plus” (non lat. plūs) ; lat. magnus “grand”, magister “celui qui commande, conduit”, “supérieur” et “maître qui enseigne” ; gr. μεγάλη, μεγάλα (megálē, megála) de même origine, étant des élargissements de l'adjectif radical conservé dans hitt. mekki “nombreux”, gr. μέγα (méga), got. mikils, v. irl. mjọk “beaucoup”, arm. mec “grand”, tokh. makā, véd. mahā, máhi. Le /h/ serait une innovation. Bsq. HAGITZ “très”, “beaucoup”. Azk. 13.

  On peut comparer bsq. NAGUS-I/NAUS-I et lat. magis “plus” magister “supérieur, maître” et NAHASI “mêler”, gr. μέγας (mégas) “grand, vaste, important”, “puissant”, et NAHAS MAHAS “pêle-mêle”, pour suggérer le recouvrement sémantique partiel de “mélanger” et “ajouter” des termes GARAIN-DU et κεράννυμι (keránnumi). Voir NAGUSI, NAHASI, NAHAS MAHAS
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