IL(H)ER “libre”, IL(H)ER-TÜ,
ILER-I “libérer, lâcher”. Le mot est de
la même famille que LAGA, MAILEGU, DILINGAN, LER/LERIN, mais
il comporte probablement un augment
; il serait donc un prétérit. Rencontré deux fois pour notre part : 1º dans la chanson (d'auteur inconnu) BORTIAN AHÜZKI (7ème verset - Xaramela, Éditions Elkarlanean) :
2º d'ETXAHUN Barkoxe (version BEDATXAGAR) :
Le mot n'est pas mentionné dans AZKUE. Le dictionnaire de LHANDE dit : ILHERTÜ : 1º “se disperser” ; 2º (Larrau en Soule) “mettre les porcs en pâturage libre”. Variante ILHARTU. Les textes ci-mentionnés font désigner clairement au mot le sens de “libérer, lâcher”, sens essentiel pour la comparaison. Cf, lat. līber “libre”. M. 355 : « (les graphies /leib-/ du type de leiberei datent d'une époque où /ī/ et /ei/ étaient confondus et ne prouvent rien pour l'existence de la diphtongue) [...] Dérivés : lībertas ; līberō, -ās “libérer, délivrer”, [...] liberalis “qui concerne un homme libre”, etc. » Cf. gr. ἐλεύθέρος (eleútheros) “libre”, “non esclave” ; cf. le pélignien loufr, le falisque loferta qui reposeraient sur un ancien /ou/ (Chtr. 337) et donc facilement rapprochables de ἐλεύθέρος (eleútheros). En osque (Iuveis) luvfreis = (Iovis) līberī. V.h.a. liut “peuple”, angl.-sax. lēod, lit. liáudis. Gr. λαγαίω (lagaíō) “relâcher”, et λᾱός (lāós) “peuple”, “gens, sujets, citoyens, citoyens assemblés”. Chtr. 620 : « à la différence de δήμος (dḗmos), λᾱός (lāós), qui est également un vieux mot, n'a pas d'étymologie. » Pour MAILE(I)GU le rapprochement avec got. leihwa “je prête” s'impose. Pour LAGA et DILINGAN : lat. linquō “laisser, abandonner, quitter”, dēlinquō “faire défaut” et surtout, sens plus fréquent, “manquer au devoir, commettre une faute”. Skr. rinatki “il laisse” (au pluriel riñcánti), avest. -irinaxti ; le v. pruss. po-linka “il reste” ; lit. lëku “je laisse” ; gr. λείπω (leípō) “je laisse” ; v.h.a. līhan “prêt”, etc. L'origine de toute la famille pourrait être l'idée de “couler” de /UR/UL/ “eau”, comme ῤειν (ϝ/wrein) “couler”, bsq. EURIN “pleuvoir”, gr. οὑρέιν (w/hourein) “uriner” ; c'est la suggestion que l'on peut retirer des formes et sens des termes bsq. L'idée en demeure toujours dans les expressions modernes, par exemple du libéralisme économique concernant l'attitude recommandée aux autorités politiques lors des crises : « laisser faire, laisser passer, le marché s'ajuste toujours. » Festus (105, 5) et Varron (L. L., 6, 2), cités par MEILLET 355, attribuent aux “antiqui” les formes lœbesum et lœbertatem, au lieu de līberum et libertātem. « Ces formes sont sans doute fausses ; il ne semble pas qu'il y ait jamais eu d'/s/ dans līber [bsq. LIPITZ “goutte”, gr. λίψ (líps) “goutte”], et la diphtongue représentée par /ī/ de līber n'est sans doute pas un ancien /oi/. Lœbesum doit être issu d'un faux rapprochement avec λοιϐη [loibē], λείϐειν [leiben] “faire couler goutte à goutte”. » MEILLET 355. Festus et Varron ont raison probablement. Voir bsq. patronyme-toponyme XILIBOLOST, LIKITZ, LISKA, ZILIPITZ, TILIST... Voir LAGA, MAILEGU, DILINGAN, LER/LERIN. |
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