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JAN :  
Verbe : 
“manger, s'alimenter, se nourrir”, “user, consommer, ruiner (la maison, la fortune)”, “trahir (sa parole)”, “mal prononcer (les mots)”, “aimer à croquer (un enfant)”, “s'anéantir (mutuellement)”.
Substantif : 
“nourriture, aliment, les vivres, l'entretien alimentaire”.
Adjectif : 
“comestible”, exemple JAN-SAGAR “pomme à couteau” par oppoition à “pomme à cidre”.
   
JATEN “mangeant”, forme gérondive indéterminée : JATEN ARI “(il, je...) en train de manger”.
JATEAN “en cours d'alimentation”, forme de participe déterminé.
JAKI “aliment d'accompagnement du pain” : fromage, poisson, viande, confiture... et se consommant en moindre quantité que le pain. De là le verbe JAKITU “servir, consommer avec mesure, voire avec parcimonie, être économe de (sa sueur, sa collaboration, sa confiance, sa bienveillance, sa franchise...)”.

  La racine doit être /JA-/ ou /DIA-/ et les éléments /-I/ dans JAI “fête”, /-N/, /-T/ dans JA-T-EN “mangeant”, DETI “mamelle”, ainsi que /-K/ dans JAKI “mets”, NIAKA “mordre”, etc., doivent être des suffixes.

  Correspondances de JAN : une des formes les plus proches est le got. itan “manger”, parmi d'autres ; v. sl. jamĭ de ěmǐ, jastu de ěstǔ, lat. edō, gr. ἔδω (édō) “je mange” de la racine /*ed-/ “manger” ; arm. utem “je mange”, d'une racine /*od-/ (M. 192), skr. ád-mi “je mange” dont le /a/ peut reposer sur /e/ ou /o/, gr. ὀδών, ὀδόντα (odṓn, odónta) “dent”, ancien participe, lat. dens “dent” (homologie de formation : bsq. HORTZ “dent” et /*(H)UR-/*OR-/*BAR-/*BOR-/ “uorāre = dévorer”, de OR-GI “pain”, BAR-U-AR “à jeun, devant manger”, BORRO-S-KA “broyer”, etc.) ; bsq. HAZI “nourrir”, “croître”, “faire croître”, lat. infinitif edēsse “manger”, lit. e̊desı̊s “nourriture des animaux”, lat. ēsca “nourriture, amorce appât (pêche)”, lat. ēscārius “(repas) sacré”, bsq. BAZKARI “repas de midi”, BAZKA “pâture”, bsq. JA-KI “mets, plat, nourriture”, gr. φαγί (phagí) “nourriture”, etc.

  Le sl. jastu, lat. ēsca et uescor “se nourrir”, bsq. /HAZ-/ “(s)'accroître, nourrir” et HAZKURRI “nourrissant, réserves de nourriture”, BAZKA “pâture”, sont pourvus d'un élargissement en /s/ ; lat. edō, got. itan, bsq. JATEN, gr. φάτνη (phátnē) “mangeoire, crêche”, élargissent en dentale /d/ ou /t/. Cependant, φάτνη/πάθνη (phátnē/páthnē) est mis pour l'étymologie en rapport avec /*bhen-dh-/ “lier” par LIDEN interprétant Hom., cité par CHANTRAINE 1182 : « πάτνη (páthnē) serait d'abord un lien attachant la bête à la mangeoire, puis (par synecdoque) la mangeoire. » CHANTRAINE, évoquant gaul. benna ( /bhn̥dh-nā/ ?) “grande manne d'osier” montée sur roues, hésite sur la pertinence du rapport /*bhendh-/πάθνη (páthnē). On peut émettre l'hypothèse que πάθνη (páthnē) se réfère formellement au radical /*ed-/*od-/ de JAT, etc., et son /θ/ (th) signifierait un déverbatif (/θ/ [th] = procès achevé) suffixé d'une désinence de génitif adjectivant : un objet lié à la nourriture. Cf. l'homologie de formation de bsq. GOR/KHORBE “mangeoire, crêche”, all. krippe “crêche”, m.h.a. krëbe, gr. φορϐή (phorbḗ) “fourrage” qui semblent construits sur une base /*BOR-/*OR-/ “uorāre”, que M. 753 présente comme racine dissyllabique /*gwerə-/*gwrē-/ō- / “avaler”, cf. lat. gurguliō, gurges.

  JAN doit être la racine de /ZATI/, également “distribuer, partager” : SALDA ZATITZEN DAUZUET : “je vous sers (distribue) la soupe” ; et “partager” TALOAK ZATI DENENDAKO “partagez les talos (en sorte qu'il y en ait) pour tout le monde” ; enfin, “diviser”, sens qui résulte des précédents, mais qui tend dans la langue écrite à prendre le sens dominant, si ce n'est unique, de la forme /ZATI/ZATITU/, cette dernière forme étant sursuffixée (hypostase), autre phénomène d'usure des langues au cours de leur évolution : c'est la forme injonctive qui restitue l'originale le plus souvent (A. MEILLET, Linguistique historique et linguistique générale, bul. de la S.L.P. 1/82). On aurait donc ZATI *ZAT-DI/gr. –θι (-thi).
  On peut faire le rapprochement avec gr. δάπτω (dáptō) “je partage”, δαπάνη (dapánē) “dépense”, δαψιλής (dapsilḗs) “généreux”, à noter le suffixe d'agent (bsq. ZATILE “distributeur, partageur” concurrencé par ZATIZALE, à suffixe complexe, et de sens “diviseur” surtout).
  Cf. lat. daps “repas rituel qui suit le sacrifice”, M. 164 : « Cat., Agr. 50, 2 : ubi daps profanata comestaque erit . Ce [sens] pluriel s'explique par la valeur collective du mot. [qui] En passant dans la langue profane, a désigné toute espèce de mets, nourriture, repas. [...] Archaïque, conservé seulement dans la langue de la poésie à l'époque impériale. » Arm. tawn “fête”, bsq. JAI “fête”, v. isl. tafn “animal pour le sacrifice”, bsq. JAN/DIAN “(le) manger”, gr. Hom. δει̑πνον (deĩpnon) “repas principal”, gr. moderne δειπνέω (deipnéō) “dîner”, Chtr. 258 « pas d'étymologie. On a proposé l'hypothèse d'un emprunt méditerranéen. » Lat. damnus “dépense, perte, dommage”, correspondance /π (p)/m/ et /d/bh/.

  Les sémantismes des formes suggèrent que le yod /I/ de JAN est rendu ailleurs par /i/, /d/, /g/, /ž/, /f/, /m/ : lat. iento, -āre (ianto), iēiento, -āre “faire son petit déjeuner” et iēiūnus “qui est à jeun, affamé” (cf. homologie de bsq. BARUR), gr. γανι̂ται (ganîtai) glosé δαπανοι (dapanoi), et traduit en latin gāněum, gāněa “taverne, bouge”, gr. γάνος (gános), que les anciens reliaient au nom de la terre γη̂ (gē), MEILLET, 267 « d’origine inconnue » et que nous dériverions de IAN (?) ; gr. γνάτος (gnátos) “machoire” et lat. gěnæ “joues” ; gr. γάνυμαι (gánumai) “se réjouir” [bsq. JAI], γηθέω (gēthéō) “(avoir une) joie rayonnante” γη̃θος (gēthos) “brillant”, lat. gauděo, -ēre “se réjouir”, gr. δάπτω (dáptō) “dévorer” et lat. daps “repas rituel”, damnum “détriment, dommage, tort, préjudice”, cf. sens de bsq. JAN “(se) ruiner, (s)’anéantir” ; gr. δάκνω (dáknō) “mordre”, skr. dȧṃsa “morsure”, irl. gin “bouche”, got. kinnus, skr. hanuḥ, lit. žȧndas “mâchoire”, lette žuōds “menton” /*gonə-dh-/ (M. 269), got. fod̄jan “nourrir”, angl. fat “gras”.
  Cf. gr. μάω, μάσσω (máō, mássō), lat. mando, -ěre “mâcher, manger” (alternance /m/j/ envisageable ?), mando, -ōnis “goinfre”, bsq. MAHAIN lat. mensa “gâteau rituel” et “table” ; bsq. MASAIL “joue” MASAIL-HEZUR “mâchoire” et N/MASTA-KA-TU “mâcher”, MANDIO “réserve de fourrage”, MASI-TU “triturer”, MASOIN “pâtée”. Voir XAN/XAKI, JANARI.

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