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BEAR/BEHAR et suffixes en /-TER/-TARI/ : “nécessité, besoin”, mais aussi “contrainte, obligation”, idée “d'occurrence proche” : ORTZANZTU BEHAR DU “oui, il va faire orage”, donc même sens que participe futur lat. futurus, osq. futur, ombr. fust = erit “il sera”, ombr. furent = erunt “ils seront”, osq. fufans = erant “ils étaient”. M. 258.
  Bsq. BEAR = BE-AR, formation semblable à ETORTZE-AR “il est sur le point de venir”, JUAITE-AR “il est sur le point de s'en aller”, HILTZE-AR “il est mourant”, etc.
Voir /-AR/-AR-I/.

  BEHAR, BEAR (également vrais sans doute) est formé de deux verbes d'existence : /BE/ (cf. l'italo-celtique fū̌, angl.-sax. be) “être” qui est auxiliée par /AR/ (cf. angl.-sax. are ) “être”, la laryngale de la forme BEHAR pouvant correspondre à un élargissement /*-w/ de BE (*BE-U-AR). Cf. Emile BENVÉNISTE, Origines, 118 : « [...] préhistoriquement [...] /*/ s'adjoint un suffixe radical /*-w/ bien connu par got. dāvōi , v. lat. duam, duim, [...], lit. douana “don” [bsq. DUIN/DUN “fort, capable, digne” et “qui a, qui est doté de”, DOHAIN(A) “don”] », Opus cité, p. 119 « [...] skr. sthāvará (-v-ar-) “debout, stable” [bsq. ZUTI-DURAlevantamiento, levée, érection”] contient -vara-, mais se relie préhistoriquement à un thème /*sthā-v-/ attesté par lat. staurāre, gr. σταυρος (stauros), v. sl. staviti, skr. sthūnā-; i.-e. /*ar-wer/ “produit du labourage” repose sur /*ar-w-/ [rac. /wel /], cf. lat. aruom. Que l'indo-européen ait fait usage, plus largement qu'il semblerait, de cette faculté de former un suffixe /*-wer/n/ en adjoignant /*-er/-en/ à une racine élargie par /w/, c'est ce qu'enseigne une formation dont nous avons retardé l'examen : l'infinitif hittite en /war/ et les infinitifs latins en /-āre/, /-ēre/, etc. » Nous avons ici la clé du fameux suffixe toujours productif de l'euskera /-DURA/-TURA/ “emprunté aux langues romanes”, dont le /D/ou /T/ est épenthètique.
  Suffixes bsq. /TER/ et /TARI/ : les formes basques de type BEAR, telles que JITEAR/JITER “à venir” (lat. iter “chemin”), GATEAR/GATER (BN JOATEAR, JOATER), JUAITEAR “à partir, à s'en aller”, c'est-à-dire “(celui qui) est à partir” = “(celui qui) doit partir”, etc., correspondent pour le sens à lat. -bundus /*bhu-/ “devant être, qui va/thème”, cf. furibond, moribond, pudibond, etc, mais de façon évidente aussi aux suffixes grecs d'agent et d'action /-τωρ/ et /-τήρ/ (-tōr, -tḗr), E. Bvn., Noms d'agent, 46 : βατήρ (batḗr) “seuil” du verbe βαίνω (bainō) “marcher”, Chtr. 158, racine à labio-vélaire initiale /*gwem-/gwm-/ ou /*gw2-/*gwə2-/ . Le bsq. offre les deux formes : GAN avec vélaire et JUAN dont le yod est plus proche de la labialée “marcher, aller” et même FAN, FATEN “aller”, FATEAR “destiné à aller”.
Voir ZAPATU, EMBATA, skr. gata.

  Le basque moderne ne fait plus une distinction nette entre les suffixes /–TER/ -τήρ (-tḗr) et /-TARI/ -τωρ (-tōr) : ATARI “seuil” de lat. atrium ? Mais qui pourrait dériver de la même racine que βατήρ (batḗr) avec aphérèse de la consonne initiale ? La conformité au grec se maintient dans le composé ATHER-BE “abri”, dans PARTADER(A) “charnière, penture”, JOKADER(A) “lit conjugal” ludique, ORGANDER(A) (Aezkoa) “charrette”, JORRADER(A) “sarclette”, etc.
  Avec /-TARI/ répondant à gr. /-τωρ/ nombreuses formations et procédés de dérivation bien vivant : PELOTARI “joueur de pelote”, IBILDARI “marcheur, voyageur”, GEZURTARI “menteur”, SALATARI “dénonciateur”, IHIZTARI “chasseur”, GUDARI “combattant”, IRAULDARI “laboureur”, AGINTARI “dirigeant” (cf. gr. ἀγητωρ -agētōr-) “dirigeant (prêtre)”), BE(G)ISTARI “surveillant, épieur, viseur”, etc. (cf. gr. ἵστωρ -ϝistōr-) “témoin”), etc.).
  Le sens bien précis des formations verbales suffixées par /-ar/, /-tear/, /-ter/ est exposé magistralement par E. Bvn., Noms d'agents, 50 : « “σωτῆρας τέκε παῖδας έπιχθονίων ανθρώπων / ὠκυπόρων τε νεῶν” (sōtḗras téke paĩdas épikhthoníōn anthrṓpōn / ōokupórōn te neōn) : “(Leda) enfanta ces fils sauveurs (pour le salut) des hommes de la terre et pour celui des vaisseaux rapides” (HUMBERT). Tel est bien le sens de σωτῆρ (sōtḗr) : “pour le salut de ...”. La valeur de l'épithète correspond à une prédestination, une aptitude. » Il ajoute « [...] le sens de σωτῆρ (sōtḗr) : c'est un prédicat de fonction divine. »
  En effet, la fonction non divine du chemin, c'est “l'aptitude offerte d'y aller et venir”, et l'on a lat. iter, itineris (bsq. ITER-EN génitif) ; gr. πατος “chemin foulé, sentier fréquenté” qui pourrait être un doublet de ποντος, selon FRISK cité par Chtr. 863, les deux formes dérivent, pense-t-on, de πατέω (patéō) “marcher sur, fréquenter” ou, sinon, devraient être considérées sans étymologie. Chtr. : « Or gr. ποντος (pontos) signifie “franchissement par mer d'un détroit (cf. Ελλήσποντος (ϝ/hellḗspontos = Hellespont). »
  Skr. panthāḥ̍, avest. panta au nom singulier, mais à l'instrumental singulier skr. pathā, avest. paθ-a. On voit le parallèlisme avec bsq. GAN/GATEN, FAN/FATEN et les similitudes entre bsq. FATEAR/FATER et skr. pathā, avest. paθ-a, paθō “chemin”. Chtr. 928 «Toutefois, ce n'est pas en védique un chemin, mais une voie que l'on ouvre ou que l'on vous ouvre, un chemin où il y a des obstacles, un franchissement ». Cf v. prus. pintis, v. sl. pǫtĭ “chemin”, lat. pons, pontis “pont”, arm. hun.
  E. BENVÉNISTE, Problème de linguistique générale, I, 296-298 : « Dans le cadre d'une comparaison à grande échelle, mettant en œuvre plusieurs langues, on constate souvent que des formes, évidemment apparentées, se distinguent chacune par une variété particulière de sens. Quoique l'unité sémantique de la famille soit indéniable, elle ne semble pas pouvoir se définir exactement [...] Tel est le cas du nom “chemin” [...] Skr. “chemin”, gr. “mer”, lat. “pont”, arm. “gué” [...] Les emplois dans les textes anciens les plus abondants, en védique, permettent d'accéder à une notion plus exacte de panthāḥ̍ et d'en nuancer la représentation. [Entre plusieurs noms du chemin] panthāḥ̍ implique peine, incertitude et dangers [...] détours imprévus [...] n'est pas seulement terrestre, les oiseaux ont le leur, les fauves aussi [...] n'est pas tracé à l'avance. C'est plutôt un “franchissement” tenté à travers une région inconnue et souvent hostile... »
  Bsq. IGĀN (I-GARAN) “franchir, traverser, monter, passer”, GAIN “hauteur”, la racine en est GAR(A) “crane, tête” GARAINDI “dépasser, surmonter”, GARAITU “vaincre”, “en arriver à bout, achever”, etc., soit une vaste famille dans les langues i.-e., et dont la genèse inclut le basque.
  Cf. gr. κάρ (kár) “tête”, “haut”, κάρᾱ (kárã) “tête, pic”, κρᾶνιον (krãnion), κάρηνα (kárēna), etc., le verbe κραίνω (krainō) “achever, réaliser”, et bsq. GAR-KO-OLA “nuque”, GARONDO “cou”, etc. Le /i/ initial de IRAGAN/IGĀN est sans doute un augment, compte tenu du flottement entre /i/ et /e/ en i.-e. (cf. Bsq. EBIL/IBIL “se déplacer”, cf. l'aoriste gr. ἔπλε-ο (eple-o) du verbe πέλο-μαι (pélo-mai) “se mouvoir, circuler”, etc. Racine /wo/el-/ “tourner”. Le verbe bsq. GAN/GOAN “aller” et ses autres formes JUAN, FAN présumés des variantes de gr. εἶμι, ἰέναι (eĩmi, iénai), lat. ĕo, īre ne pourrail-il dériver de I-GARAN “franchir (une épreuve, un examen)” ? On voit l'intérêt de cette hypothèse.

Voir GAIN, GAN, GANGA, GANDUR, IGO, GEREINO, GIRI, GEIHEN.
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