/*BE-/ singulier, /*BI-/ pluriel : “être, devoir
être”, verbe d’existence qui ne se conjugue qu’à
l’impersonnel, attesté seulement en composition ou sous forme
fléchie
: troisième personne du singulier /BE-/, troisième
personne du pluriel /BI-/. Singulier BEDI, BEGO,
BETOR, BEHOA ; pluriel BITE, BEIDE/BEUDE,
BIHOAZ cf. BEDI, BITE, BIHOA. Correspondances : gr. φύομαι (phúomai), hom. φύω (phúō), aoriste ἔφῦν (éphūn), f. φυσω (phusō) “faire naître, faire pousser, produire”, radical /φῠ-/ (phŭ-). CHANTRAINE, 1235 : « [...] vient de la racine /*bhū-/ “pousser, croître, se développer”, “devenir” [...] racine utilisée pour compléter le système de /*ə1es/ “exister, être” [...] skr. a̍sti “il est” et ȧ̍bhūt “il a été”, lat. est et fuit, v. sl. jestǐ et byhŭ (infinitif byti), l’arm. offre busanim “je pousse”, aoriste busay ou boys, génitif busoy “pousse, plante” et ainsi de suite. » La racine /*bhū-/ est analysée théoriquement comme /*bhew-ə-/*bhw-eə/*bhu-ə-/, sans que l’on puisse déterminer la coloration de la laryngale (BENVENISTE, Origines, 166 /ə1 /, BEEKES, Laryngales, 227, ou RIX, Hist. Gr., 245 /ə2 /). Cf. bsq. DATZ(A) “il est”, BEDAR “plante”, lit. būtis “existence”, gr. φύσις (phúsis) “accomplissement d’un devenir” bsq. BIZ-I “vie, vivant”, /-I/ flexion primaire, de /BE/ + /*IZ/, soit deux racines de verbe d’existence, “être, souffle” Voir BEDAR, BEHOR, BIZAR, BU [voir ci-dessous], BUZTAN, PITO, PHUTZ, POZOZ, PUZKER. On peut supposer que les racines i.-e. /*bhū-/ de gr. φύομαι (phúomai), lat. fui, etc., thème de /*p(h)u-s/, lit. pū̃sti “souffler”, skr. vā́taḥ, ved. vā́ti “il souffle”, gr. ἄησι (áēsi) “il souffle”/bsq. (H)AIZE “vent” (thème que MEILLET pose /*hwent-/, de tokh. A wȧnt, B yente, hitt. ḫuwant bsq. UPHAN “soufflant, en souffle”, /-N/ inessif, etc.), gr. φυσα (phusa) bsq. PHUTZ “vesse”, BOZ “joie”, BUZGO “enflure” procèdent d’une seule et même racine /*bhes-/BUH-O/ “souffle”. Or l’idée de “vie”, de “vivant” est rendue généralement par l’idée de souffle, respiration, vent : cf. lat. spiritus, spirāre “souffler” que le bsq. HAS-PEREN “soupir” déchiffre clairement : /HAS/ “souffle” + /PER-/ “porter” (lat. fero, ferre, gr. φόρειν -pherein-) ; lat. bēstia “bête sauvage” bsq. PIZTIA, déterminé, “pourvu de vie, de souffle” ; gr. ἄνεμος (ánemos) “vent”, bsq. HAN-TU/HAN-DI “gonflé” et “grand, gros” ; skr. ȧni-ti “souffler”, etc., et lat. animus “animé” et animare “donner la vie”, animal “être vivant” ; et enfin bsq. BUHA “souffle”, BUHAZ “en souffle, soufflant”, BUHATU “souffler”, hitt. ḫuwant “soufflant”. /*BE/*BI/ auxiliaire (injonctif) aux troisièmes personnes : singulier /BIZ/ ( BE-IZAN) et BITEZ ; au pluriel BI(Z)TE qu'ils soient ; BEDI auxilié ( BE-ARI ??) qu'il soit. La désinence /-DI/, que le bsq. a aussi dans les subjonctifs, se retrouve en grec /θι/ (thi) aux impératifs et, en arménien, aux impératifs et subjonctifs, des verbes en /-μι/ (-mi) et /-σκω/ (-skō) à connotation passive-moyenne, comme dans bsq. : γνωθι δῦθι, στῆθι, απόραθι (gnōthi, dũthi, stēthi, apórathi). Le poète A. OYENART (XVIIème S.) emploie /BU/ avec sujet à l'ergatif (Izpegi 83, vers 87-88) : « BU GLORIA JAINKO ONAK C'est une formation condensée de l'auxiliaire /BE/
et de l'auxilié U(KAN)/EDU-KI). Le
latin classique l'utilise pour former les imparfaits ama-bam,
etc., les futurs ama-bo, etc, ce qui
montre que ladite conjugaison synthétique est bien à l'origine
une conjugaison composée, de même que la conjugaison dite
forte |
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